Bournigault, après les préliminaires

L'ŒIL

Le 1 septembre 1999 - 250 mots

À l’occasion de l’ouverture d’un second espace, la galerie Almine Rech s’intéresse à la nouvelle enfant terrible de l’art contemporain français : Rebecca Bournigault. Admirée sans réserve par toute une jeune génération de critiques, son œuvre donne pourtant lieu à de nombreux contresens. Que ce soit en ses photographies, ses vidéos ou ses dessins, Rebecca Bournigault refuse toute dépose de l’intimité sur l’autel du voyeurisme ambiant. Plus subtilement, à travers ses mises en fiction, ses tours et détours, ses protocoles réglés, elle cherche à approcher la subtilité de l’être humain par l’ouverture d’une brèche au sein des paradoxes constituant l’épaisseur de chaque identité. Sur la première vidéo, Missed, elle tient une caméra qui enregistre les constantes et les singularités de son paysage intérieur. Le corps nu bouge, s’étire dans des poses et des langueurs qui, se sachant saisies par l’image vidéo, exposent des émotions différentes voire antagonistes. Sa subjectivité, trop familière pour retenir son regard, lui permet alors de laisser « advenir » l’événement. Dans ce travail, Rebecca Bournigault débusque les habitudes d’un inconscient qui ne peut prendre pleinement conscience de lui-même qu’à travers une mise en fiction, de la représentation que le spectateur ne sait interpréter. Préliminaire filme en plans-séquences les jambes, les pieds d’un homme et d’une femme côte à côte. Lentement, les mules rouges de la femme exécutent mille approches subtiles vers les pieds de l’homme définitivement immobiles. De ces deux personnages, on ne perçoit que l’expression différée de leurs sentiments.

Galerie Almine Rech, 10 septembre-10 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Bournigault, après les préliminaires

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