musée

Bieth, regards sur le monde

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 mars 2001 - 243 mots

De grands tableaux comptables d’import/export, des planches d’herbier, la maquette tronquée
d’un pont, toute une iconographie de sujets exotiques constituent l’installation de Jean-Sylvain Bieth, Les Lois du Monde, aujourd’hui présentée à Bruxelles. Conçue sur le mode du cabinet de curiosités, elle procède d’un art de la collecte au cours de laquelle l’artiste réunit une multitude d’objets et d’informations qu’il organise par la suite en un parcours critique particulièrement cinglant. Bieth s’en prend également aux Lois du Monde pour en dénoncer les mécanismes abusifs et nuisibles. Placée sous la tutelle d’un tableau anonyme hollandais du XVIIe siècle, La Vente des oignons de tulipes, stigmatisant à l’époque les rouages d’une spéculation outrancière, son installation est un véritable pamphlet à l’encontre de l’idée d’une économie exclusivement structurée sur des rapports d’argent, de domination, de pouvoir et de corruption. Les différents éléments qui la composent renvoient à toutes sortes de situations ponctuelles que l’artiste s’applique à pointer, voire démonter. Ainsi, par exemple, de la maquette du pont (qui n’est autre que celle du pont de Mostar au Kosovo), dont l’image a fait les beaux jours des médias et qui agit ici comme la métaphore d’une insupportable situation politique. Ainsi de ces mauvaises herbes que l’artiste a soigneusement cultivées pour en composer d’imposants herbiers et qui, en contrepoint des tulipes, « font allusion par excellence aux pauvres, aux inutiles, aux moins que rien, à ceux qui ne mériteraient pas d’exister ».

BRUXELLES, Palais des Beaux-Arts, 10 mars-22 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : Bieth, regards sur le monde

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