Bernard Calet, regard sur le monde

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 avril 2003 - 363 mots

Depuis plus de dix ans qu’il est apparu sur la scène artistique nationale, Bernard Calet développe toute une réflexion autour des notions génériques d’urbanisme et d’habitat, de vie privée et de vie collective, de sédentarité et de nomadisme dans le cadre d’une production artistique mêlant volontiers toutes les pratiques. Invité du Fonds régional d’art contemporain d’Alsace, il s’est trouvé confronté à une situation qui ne pouvait que l’intéresser. D’une part, cette institution est implantée en plein cœur historique de la ville et la richesse patrimoniale de celle-ci est considérable ; de l’autre, elle est faite d’une architecture d’immenses baies vitrées qui suscitent un irrésistible échange entre l’intérieur et l’extérieur. Aussi Bernard Calet a-t-il imaginé une sorte de parcours kaléidoscopique entraînant le spectateur à l’expérience de tout un monde d’images et de clichés qui le renvoient à une réflexion sur son environnement, ses modes de vie, sa perception du monde, etc. Dans cette qualité d’intention, tout en tenant compte du contexte local, l’artiste s’est appliqué à mettre en question, au travers d’une vision quelque peu subversive, ce qu’il en est d’une réalité banalisée. Maquettes d’architectures suspendues traversées par des tubes de néon qui les déréalisent, installation faite de plaques de moquettes juxtaposées, aux allures d’un paysage vu d’avion et de structures métalliques montagneuses, bandes vidéo faisant défiler dans un flux ininterrompu d’images, figures schématiques d’intérieurs typés dessinées au mur par un jeu d’élastiques glissés dans de petites perforations, l’exposition de Calet procède d’une réflexion critique. Qu’en est-il en effet de la part de l’intime dans un monde résolument distancié et univoque ? Qu’en est-il de celle du collectif ?
Et qu’en est-il de la trajectoire de l’un à l’autre ? Face aux interrogations d’une société en pleine métamorphose, dont les critères et les valeurs sont brouillés, qui ne sait plus à quel ordre se référer pour se définir, l’art de Bernard Calet ne prétend pas proposer une sortie. En revanche, il contribue à mettre en évidence tout un questionnement quant à la notion générique de territoire, d’un point de vue tant géographique que politique ou social.

SÉLESTAT, Fonds régional d’art contemporain, 1 espace Gilbert Estève, tél. 03 88 58 87 55, 22 janvier-27 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°546 du 1 avril 2003, avec le titre suivant : Bernard Calet, regard sur le monde

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