Beckmann le Parisien

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 octobre 1998 - 244 mots

Que connaît-on de Max Beckmann ? Pour l‘essentiel, la production d‘œuvres – peintures, dessins et gravures – que l‘artiste a réalisées dans le contexte tendu puis dramatique des années dix : des formes aux angles aigus, une palette aux tons sourds, le champ de la toile saturé. Sa rencontre avec Munch en 1906, puis le terrible traumatisme qu‘il éprouva face aux horreurs de la guerre, lorsqu‘il fut affecté à l‘automne 1914 aux services sanitaires, avaient décidé de cette orientation. On connaît beaucoup moins en revanche sa période de l‘après-guerre, celle des années vingt et trente, une période qui manifeste un certain apaisement et qui est notamment marquée par sa fréquentation du milieu de l‘art parisien. On ne sait pas toujours qu‘il s‘est même établi à Paris en 1929 dans l‘espoir d‘y imposer son art, qu‘il y a multiplié les contacts avec les artistes et les critiques du temps jusqu‘en 1932, date à laquelle il partit s‘installer à Berlin. Une sorte de fascination – ou de rivalité – pour les œuvres de Picasso, Matisse, Léger, Braque et Rouault apparaît dans ses portraits, natures mortes et paysages. Les œuvres qu‘il exécute alors révèlent quelque chose d‘une gaieté nouvelle, d‘une certaine sensualité. Si l‘originalité de l‘exposition zurichoise est d‘organiser la confrontation de ces travaux mal connus de Beckmann avec ceux des Parisiens, son intérêt est aussi de mettre une nouvelle fois en valeur l‘importance des relations et des influences réciproques des artistes en Europe entre les deux guerres.

ZÜRICH, Kunsthaus, jusqu‘au 3 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°500 du 1 octobre 1998, avec le titre suivant : Beckmann le Parisien

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque