Beckmann

Ses années d’exil à Amsterdam

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 26 juillet 2007 - 379 mots

Le musée Van Gogh se penche sur les dix années d’exil du peintre contraint par le régime nazi à quitter l’Allemagne dès 1937. Une période de sa vie difficile et cependant très productive.

Le 18 juillet 1937, Hitler inaugura la Maison des arts de Munich. À cette occasion, il annonça l’ouverture, dans la même ville, de l’exposition itinérante « Art dégénéré ». Parmi les nombreuses œuvres jugées « impures » figuraient vingt-deux tableaux de l’artiste allemand Max Beckmann (1884-1950).
Figure centrale de la Nouvelle Objectivité, un mouvement qui prônait un retour au réel et au quotidien en réaction à l’effusion sentimentale de l’expressionnisme et au traumatisme de la Grande Guerre, l’artiste était déjà très connu dans son pays. Notamment depuis qu’une salle monographique lui avait été dédiée à la National Galerie de Berlin en 1932.

Misère et solitude
Dès le lendemain de l’annonce d’Hitler, l’artiste et son épouse quittèrent définitivement l’Allemagne et s’installèrent à Amsterdam. Ils y vécurent de 1937 à 1947, avant d’aller vivre aux États-Unis.
Pendant ces dix longues années d’exil, le couple vécut dans une grande pauvreté, isolés du reste du monde et des cercles artistiques, handicapés par leur statut de réfugié allemand dans un pays en partie occupé par les nazis. Malgré des conditions de vie très difficiles, l’artiste ne cessa jamais de peindre, utilisant même parfois des draps lorsque les toiles lui faisaient défaut. Il réalisa pendant cette période plus de deux cents tableaux, soit un tiers de sa production, dont cinq des neuf grands triptyques qui contribuèrent à sa renommée. Quatre de ces chefs-d’œuvre ont été réunis pour l’exposition.
Inlassablement, il peignit des paysages, des portraits et autoportraits, des natures mortes, des scènes de genre, faisant plus que jamais référence à sa propre mythologie, au monde du cabaret et de la mascarade. Pour exprimer l’impuissance de l’homme face aux horreurs de la guerre, il transforma la vie en un théâtre, utilisant des symboles pour représenter le réel et pour « rendre l’invisible visible grâce à la réalité ».
L’exposition, qui comprend une centaine de peintures et dessins, n’a pas l’envergure de la rétrospective que le Centre Pompidou organisa en 2002-2003. Mais, pour la première fois, elle met en lumière une période clé et peu connue de la vie de l’artiste, dans un pays qui, à l’époque, n’appréciait guère ses œuvres.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°591 du 1 mai 2007, avec le titre suivant : Beckmann

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