Beat Takeshi Kitano

Sale gosse !

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 23 mars 2010 - 392 mots

Alors que son nouveau film (Achille et la tortue) est sorti en salle en mars dernier et que le Centre Pompidou organise une grande rétrospective de son œuvre audiovisuelle (mars-juin 2010), le cinéaste star Beat Takeshi Kitano bénéficie aussi d’une grande exposition à la fondation Cartier.

Sa double signature, « Beat Takeshi » pour la télé et la comédie et « Takeshi Kitano » pour le cinéma d’auteur, ne peut résumer à elle toute seule sa personnalité kaléidoscopique. Né en 1947, ce réalisateur japonais de films superbes (L’Eté de Kikujiro, Dolls, etc.) est également romancier, éditorialiste, peintre et dessinateur.

Créateur multifacette génial, l’artiste, sur les deux étages de la fondation, choisit de transformer celle-ci en un parc d’attractions s’adressant aux enfants tout en parlant aux adultes. « Avec cette exposition, j’ai sans doute voulu amener une autre définition au mot “art”, qui soit moins officielle, moins conventionnelle, moins snob, plus ordinaire », déclare Kitano.

Transformé en une usine à gaz tonitruante, l’espace présente une trentaine de toiles de ce « peintre du dimanche » (ce gosse de peintre en bâtiment se définit tel quel) ainsi qu’une vingtaine d’installations ludiques, oscillant entre le moderne et la tradition, le farcesque et le tragique, le kitsch et le beau, bref parfaitement à l’image de la pratique schizophrénique de cet iconoclaste.

Le sous-sol, bariolé d’images cathodiques et de couleurs festives, dévoile les peintures naïves, entre animaux et fleurs, aperçues dans son chef-d’œuvre Hana-bi, Lion d’or à Venise en 1997 ; à côté, des vases, spécialement réalisés à Venise pour l’occasion, reprennent, comme pour les rendre encore plus vivantes, ces créatures hybrides fascinantes.

Dans les jardins, histoire de faire une pause, n’hésitez pas à fréquenter le stand de gaufres qui s’offre à vous, puis, parmi les mille et un pièges à regard du rez-de-chaussée, laissez-vous surprendre par un Monsieur Kitano qui n’aime rien tant que se jouer de tous les clichés que les Occidentaux portent sur le Japon : par exemple, vous y verrez des poissons transgéniques en forme de sushis croiser des dinosaures neuneus façon Godzilla ! Invitation au jeu, au rêve et aux pensées buissonnières, cette expo interactive est vraiment à savourer tel un millefeuille garni de… wasabi : show devant  !

« Gosse de peintre. Beat Takeshi Kitano », fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris XIVe, http://fondation.cartier.com, jusqu’au 12 septembre 2010.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°623 du 1 avril 2010, avec le titre suivant : Beat Takeshi Kitano

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