Bazaine, une radieuse présence

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 novembre 1998 - 248 mots

C’était à la FIAC en 1992 : Jean Bazaine présentait un ensemble de grands papiers découpés, totalement inédits. Témoins d’une volonté de remise en question déclarée, ceux-ci en ont surpris plus d’un, tant par leur parti pris de rupture que par leur incroyable puissance poétique. « En ce moment, je suis en train de chercher quelque chose que je ne sais pas faire en peinture » déclarait-il alors volontiers. Trois à quatre ans plus tard, l’artiste réitérait avec un non moins fulgurant ensemble de papiers découpés, réalisés à partir de photocopies noir et blanc, aux formats de hautes fenêtres, en hommage à une dizaine de ses musiciens préférés. Si cette technique nourrit le travail de Bazaine depuis plusieurs années, c’est qu’elle lui offre l’occasion d’une expérimentation permanente. Et l’artiste de multiplier les recherches : il joue ici d’une palette réduite à quelques tons, là de la vibration colorée de la lumière ; ici du dynamisme de compositions, là de l’opposition entre pleins et vides. Dans l’art du collage, Bazaine n’a pas son pareil et rien ne l’enchante plus que de mener cette sorte de bataille avec le désordre des papiers découpés qui s’amoncellent sur la table de son atelier. « L’homme, sauveur du hasard » rappelle-t-il, citant Nietzsche, comme pour expliquer ce qu’il en est du phénomène de la création. Au seuil de sa quatre-vingt-quinzième année, Bazaine revient avec de nouveaux collages et des projets de mosaïque qui témoignent d’une radieuse présence au monde.

Galerie Louis Carré & Cie, jusqu’au 14 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°501 du 1 novembre 1998, avec le titre suivant : Bazaine, une radieuse présence

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