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Aux sources de l’imaginaire égyptien

L'ŒIL

Le 1 octobre 2000 - 273 mots

Au commencement était le Verbe grâce auquel Ptah, démiurge à Memphis, donne vie à chaque chose en les nommant, stipulant dès lors la prééminence du nom et de l’écrit. Dans cet univers ainsi créé où les hommes et les dieux sont menacés constamment par des maux visibles et invisibles, la magie est reine. Elle n’est pas singulière mais plurielle, et celle donnée aussi bien aux dieux qu’aux hommes est matérialisée par le Heka. Celui-ci est une arme s’attaquant aux événements et menaces à trois niveaux. Du ciel vient la pluie, la tempête... ; sur terre, il s’agit de se défendre contre les animaux venimeux, les pays étrangers, les calamités naturelles ; et dans la Douat (monde souterrain et royaume d’Osiris), les menaces chthoniennes y sévissent et ont parfois des répercussions dans le monde des vivants. Face à ces périls, les moyens mis à disposition des Égyptiens pour se défendre passent par la visualisation de l’ennemi, c’est-à-dire le rendre concret afin d’avoir prise sur lui et le contrôler. La matérialisation la plus ancienne est celle du prisonnier en genuflexion, les mains attachées dans le dos, témoignage déjà cité sur la palette de Narmer.
La maîtrise passe également par le pouvoir de l’écrit et de l’image : les textes magiques, les amulettes protectrices tel l’œil oudjat. Sur les stèles d’Horus aux crocodiles, recouvertes de textes, il s’agissait d’y faire couler de l’eau et la boire. Elle se chargeait ainsi de la valeur performatrice et guérisseuse du Verbe. Et si l’on voulait séduire une femme, il était conseillé de planter des aiguilles dans une statuette d’envoûtement de femme nue.

PARIS, Musée du Louvre, jusqu’au 8 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Aux sources de l’imaginaire égyptien

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