Au Louvre, de l’art contemporain

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 janvier 2006 - 345 mots

« Que diable allait-il faire dans cette galère ? » On connaît la fameuse réplique de Scapin. Si elle avait pu s’appliquer au premier volet de « Contrepoint » dans cette tentative de placer certaines œuvres d’art contemporain dans de très nombreuses salles du Louvre, obligeant le visiteur à un vrai parcours du combattant, il en va tout autrement cette fois-ci. Marie-Laure Bernadac qui est en charge de cette opération a heureusement révisé son concept en le concentrant sur une technique, la porcelaine et un département, les objets d’art.
Établir un dialogue entre le passé et le présent n’est jamais chose facile. Le choix qu’a fait la conservatrice de solliciter des créateurs dont le travail interroge la nature et la fonction de l’œuvre d’art et qui en appellent à des références explicites de l’histoire de l’art conforte la pertinence d’une telle confrontation.
D’autant que six d’entre eux ont été invités à réaliser des œuvres spécifiques en toute intelligence avec le savoir-faire des artisans de la manufacture de Sèvres.
Réplique en porcelaine du célèbre canapé rouge en forme de lèvres géantes de Dalí, l’œuvre de Bertrand Lavier illustre bien cette relation entre patrimoine et création actuelle. Tout comme la reprise qu’opère Paul-Armand Gette de la forme de la Jatte de Damas, créée par la Manufacture en 1897, qu’il décore de motifs de nymphes.
Ou bien encore ces six têtes de femmes de Françoise Vergier dont l’ensemble est intitulé Potpourri puisque leurs têtes percées de trous peuvent accueillir des plantes odorantes. Ou cette Nature’s Study en biscuit de Louise Bourgeois de 1998-1999.
Confrontées aux trésors céramiques et émaillés du département des Objets d’art, ces œuvres d’art contemporaines se rattachent à une tradition forte de plusieurs siècles. Qu’elles soient d’hier ou d’aujourd’hui, ces créations sont en effet animées par le même soin d’expérimentation technique et d’invention formelle. Si leur destination peut diverger, elles posent toutes en revanche la question de la frontière entre objet d’art et sculpture.

« Contrepoint 2. De l’objet d’art à la sculpture – Porcelaines contemporaines », musée du Louvre, Paris Ier, tél. 01 40 20 53 17, jusqu’au 20 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°576 du 1 janvier 2006, avec le titre suivant : Au Louvre, de l’art contemporain

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