Au cœur du mystère Veneziano

L'ŒIL

Le 1 janvier 2006 - 355 mots

Pourquoi une exposition Lorenzo Veneziano à Tours ? Grâce au legs Octave Linet en 1963 – une vingtaine de primitifs italiens qui ont fait l’objet d’une présentation dans les musées de la Région Centre en 1996 –, le musée des Beaux-Arts conserve dans ses collections Le Couronnement de la Vierge de Veneziano, auquel s’ajoutent Les Anges musiciens, un panneau acheté en 1998. Ces deux pièces majeures du polyptyque réalisé pour le maître-autel de l’église San Giacomo Maggiore à Bologne, achevé en 1368 et démembré au xviie siècle, constituent le point de départ de cet ambitieux projet.
Fruit d’un travail scientifique de longue haleine dû à Andrea De Marchi, Cristina Guarnieri et à l’équipe du musée de Tours en collaboration avec l’INHA et le centre de recherche des Musées de France, l’exposition réunit les éléments retrouvés de ce polyptyque. Elle rend compte des études radiographiques effectuées et propose une reconstitution du retable basée sur les hypothèses les plus récentes. Ainsi, deux panneaux précédemment jugés comme appartenant à l’ensemble ont finalement été attestés comme n’en faisant pas partie (Sainte Catherine d’Alexandrie et saint Sigismond) ; le décor des couronnes, l’apprêt blanc et la forme des arcs diffèrent des caractéristiques des autres œuvres du polyptyque.
Autour des pièces majeures de Lorenzo, éléments ou non du retable de Bologne (Les Funérailles de saint Jean-Baptiste, acquis par la ville deux jours avant le début de cette exposition, et La Vierge à la rose du Louvre) sont réunies des peintures de son maître Paolo Veneziano (Vierge à l’Enfant) et d’autres artistes du xive siècle. Des prêts exceptionnels ont été consentis, d’Avignon, Poitiers, Bologne, Syracuse, Philadelphie (Le Mariage de la Vierge)... Autant d’œuvres qui montrent l’évolution de Lorenzo Veneziano en le replaçant dans son époque. Il en ressort l’œuvre d’un peintre marqué par l’art byzantin, qui a su renouveler le gothique vénitien par une gamme de couleurs claire et subtile et un retrait progressif du fond d’or au profit de la profondeur et de l’architecture.

« Autour de Lorenzo Veneziano, fragments de polyptyques vénitiens du XIVe siècle », musée des Beaux-Arts, 18 place François Sicard, Tours (37), tél. 02 47 05 68 73, jusqu’au 23 janvier, cat. Silvana Editoriale, 128 p., 24 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°576 du 1 janvier 2006, avec le titre suivant : Au cœur du mystère Veneziano

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