Art Orienté Objet : plaidoyer pour les animaux

Depuis 1991, Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin développent un travail artistique tout entier tourné vers le vivant, brouillant les frontières entre arts et sciences, et se revendiquent du « Slow Art », défendant une démarche éthique et écologique qui allie recyclage de matériaux et techniques artisanales. En faisant appel à des disciplines aussi diverses que la biologie, l’ethnologie, la psychologie ou encore le chamanisme, les artistes interrogent les rapports entre humains et non-humains dans notre société contemporaine. Un travail politique et scientifique, mais non dénué de poésie ni de spiritualité, comme en témoigne cette exposition, qui propose un riche aperçu de trois décennies de création multidisciplinaire. Au fil des différents salons d’exposition, installations, vidéos, photographies ou sculptures sont autant de « zoosphères », qui cherchent notamment à « faire disparaître la barrière de l’altérité avec l’animal que notre culture ne cesse de construire ». Des éléments de séries commencées dès les années 1990, comme les tambours apotropaïques, côtoient des œuvres plus récentes – des éléments issus de pratiques performatives explorant les relations interspécifiques, mais aussi des créatures hybrides réalisées à partir d’os récupérés auprès de vétérinaires et d’éleveurs, ou encore des paysages microbiotiques. L’exposition se clôt avec une photographie intitulée La Pieta australiana : au bord d’une route, Marion Laval-Jeantet, vierge éplorée contemporaine, tient dans ses bras le cadavre d’une femelle kangourou enceinte qui s’est fait écraser. Cette conclusion est à la fois une déclaration d’amour au règne animal et une dénonciation de l’impact néfaste des êtres humains sur la vie animale sauvage.