Art contemporain

Art minimal

Ça ne tourne plus rond pour le carré

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 août 2007 - 351 mots

La Villa Arson alimente le regain d’intérêt pour l’art minimal d’une jeune génération qui, par ses propositions, ouvre de nouveaux champs placés sous le signe de la contradiction.

Stéphane Dafflon, Blair Thurman, Genêt Mayor, Martin Creed, Ryan Gander, Pae White… Ils sont une cinquantaine d’artistes de générations et de géographies variables (liste p. 85). Tous ont, d’une façon ou d’une autre, maille à partir avec la syntaxe établie par l’art minimal. Tous ont été choisis par Vincent Pécoil, Lili Reynaud-Dewar et Elisabeth Wetterwald, les trois commissaires invités par Éric Mangion, directeur de la Villa Arson, pour clarifier ou filtrer ce qu’il est désormais convenu d’appeler une tendance lourde. Mais aucun ou presque ne se contente de revenir littéralement au minimalisme.

Ni citation déférente, ni attaque frontale
Élaborée au cœur des années 1960 dans un contexte bouillonnant par des artistes tels que Carl André, Donald Judd, Sol Lewitt ou Robert Morris, la doxa minimaliste opte en son temps pour des formes simples, une exécution froide le plus souvent déléguée à des moyens industriels, des processus lisibles et une prise en compte essentielle du rapport entre l’œuvre, l’espace et le spectateur. Du minimalisme peu orthodoxe de Dan Graham au style finish fetish des artistes californiens qui déclinèrent jusqu’à plus soif formes pures, objets carrossés et finitions lustrées, le champ est large et parfois contradictoire.

Quarante ans après, les artistes y reviennent en toute lucidité, relevant sans peine l’annexion de telles formes par l’industrie culturelle. Pascal Pinaud imagine un impeccable monochrome laqué dont le verni incorpore une fiente de pigeon, Wade Guyton tord une baguette de métal en référence explicite aux structures tubulaires des chaises modernistes de Marcel Breuer, Boris Achour rejoue une assemblée de sculptures minimales version porcelaine sanitaire, Philippe Decrauzat et Mathieu Mercier usent de moyens optiques pour priver l’œil de toute focalisation sur leur tableau.

Construite selon une ligne flottante par petites cellules autonomes, l’exposition met au jour différentes opérations d’appropriation. Le parcours amalgame bien un peu le minimalisme, l’abstraction et le formalisme, mais désigne enfin cette génération qui aura su réinvestir le minimalisme sans se contenter de sa plus-value esthétique.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°590 du 1 avril 2007, avec le titre suivant : Art minimal

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