Arnaud Labelle-Rojoux « pour l’exposition, J’ai pensé à une sorte de « confrérie »

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 20 avril 2012 - 423 mots

Artiste contemporain inclassable, Arnaud Labelle-Rojoux,
né en 1950, est chef de parade de la section des « Conjurations profanes ». Entretien.

Bénedicte Ramade : Comment s’est faite l’invitation dans l’exposition ?
Arnaud Labelle-Rojoux : Jean a évoqué les artistes jalonnant son parcours et m’a indiqué que selon lui mon travail s’inscrivait dans ce qu’il a nommé les « conjurations profanes ». Il m’a demandé de réfléchir à une salle rendant compte, à travers le burlesque, l’exhibition du refoulé, la spectacularisation parodique des stéréotypes sociaux, de ce qui constituerait aujourd’hui ce territoire de l’art. J’ai pensé alors à une sorte de « confrérie » et, sur le plan « scénographique », à une parade immobile autour d’un char évocateur aussi bien du carnaval que de la commedia dell’arte. Mon modèle initial était d’ailleurs une gravure du XVIIIe siècle je crois, représentant un char d’artistes de la Villa Médicis à Rome. Je tiens en effet à ce qu’il y ait, contrairement aux chars thématiques de carnaval – ceux qu’on voit à Nice, par exemple, ou le char récent de Thomas Hirschhorn sur « l’égalité » –, une forme d’incohérence, en tout cas formelle, d’hiatus, de friction, voire de « désordre », donnée par la diversité des artistes choisis…

B.R. : Le désordre dans un musée est-il encore vraiment du désordre ?
A. L.-R : Non, bien sûr ! Il ne s’agit pas de feindre brutalement le désordre en simulant je ne sais quel rituel transgressif, mais d’introduire cette pensée du désordre en exposant différents artistes « tricksters », qui jouent divers tours, parfois d’un goût douteux, mais qui sont conscients du contexte où ils s’inscrivent. Le musée, de ce point de vue, en tant que lieu public, est une sorte de temple profane et les expositions sont des formes de rituels.

B.R. : Avant cela, vous voyiez-vous en maître du désordre ?
A. L.-R : Oui et non. Oui, dans la réception de mon travail souvent ; non, dans ma quête personnelle. Je n’arrive pas à penser l’art autrement que dans une confrontation avec ce que Xavier Boussiron et moi avons nommé, sans jamais le définir, le « cœur du Mystère ».

B.R. : La mascarade est un trait commun à beaucoup des artistes que vous avez choisis, était-elle un des critères ?
A. L.-R : Tout à fait. C’est la raison pour laquelle, à côté d’œuvres d’artistes naturellement associés à l’art contemporain, j’ai tenu à ce que soit présents, sous forme de grandes photos découpées, les acteurs de la compagnie théâtrale du Zerep incarnant les lutins grotesques du spectacle Oncle Gourdin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°646 du 1 mai 2012, avec le titre suivant : Arnaud Labelle-Rojoux « pour l’exposition, J’ai pensé à une sorte de « confrérie »

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