Anticomania

L'ŒIL

Le 1 février 1999 - 231 mots

Au début du XVIIIe siècle, la Ville éternelle se mue en un immense chantier archéologique. Partout, propriétaires, érudits et collectionneurs creusent le sol, assouvissant leur passion naissante et frénétique pour la culture antique.
Du Palatin à Tivoli, des vestiges spectaculaires sont mis au jour, tels la Joueuse d’osselets ou le groupe d’Éros et Psyché – prêtés exceptionnellement pour l’exposition – aux côtés de milliers de terres cuites, de monnaies, de bronzes ou d’intailles. Cette récolte florissante vient rejoindre les étagères des cabinets de curiosités, se soumet au regard averti des érudits et des esthètes, ou à la main des artistes qui constituent de véritables « musées de papier ». Ces derniers s’en nourrissent pour créer une esthétique nouvelle théorisée par Winckelmann. L’exposition de Lyon confronte, en un ambitieux dialogue, les dessins de Clérisseau, les marbres d’Adam ou les « caprices » de Pannini aux sculptures antiques. Elle souligne aussi l’un des acquis principaux de cet engouement pour l’Antiquité : l’émergence de la science archéologique, sous la houlette du Comte de Caylus qui commence à caractériser, classer, analyser la foule bigarrée des vestiges découverts. Une science qui n’en est encore qu’à ses balbutiements ; en prévision de ses funérailles, l’érudit choisit un sarcophage antique qu’il croit romain, en fait dans le plus pur style égyptien !

LYON, Musée de la Civilisation gallo-romaine, jusqu’au 14 mars, cat. éd. Somogy, 216 p., 295 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°503 du 1 février 1999, avec le titre suivant : Anticomania

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