Anni Albers, fil à fil

L'ŒIL

Le 1 novembre 1999 - 259 mots

Anni Albers aurait cent ans aujourd’hui. Elle fut parmi les premières à suivre les cours du Bauhaus. Elle qui voulait être peintre fut obligée d’y étudier le tissage car cette école révolutionnaire n’était pas particulièrement féministe : « Nous sommes fondamentalement contraires à ce que les femmes y étudient l’architecture » disait Gropius. Bien que déçue de se retrouver avec « ces fils inertes entre les mains », Anni Albers, en adoration devant son maître Paul Klee, va relever le défi et tisser une œuvre magnifique, certainement aussi belle et novatrice que les tableaux de son camarade Josef Albers qui devient son mari en 1925. Surgit le nazisme et Anni, la Juive assimilée Berlinoise doit fuir. Le couple moderniste trouve refuge dans une petite école expérimentale des États-Unis, le Black Mountain College, devenu mythique car en sortiront Rauschenberg, Jasper Johns, Twombly, John Cage, Merce Cunningham. Josef leur apprend la radicalité de la couleur. Anni découvre avec passion les tissus précolombiens et leurs étonnantes combinaisons géométriques, elle étudie les calligraphies du monde entier et dessine des motifs de tissus de plus en plus mystérieux, presque musicaux ! Très vite elle passe aux tissus industriels tout en réalisant des « tableaux-tissés » encadrés. 1949 : première rétrospective au MoMA de New York ! Juste retour des choses pour cette femme énergique et austère, au franc parlé pas toujours commode, qui fit tout pour ne pas rester dans l’ombre de son mari, même si elle ne put exister que grâce à un fil !

PARIS, Musée des Arts décoratifs, jusqu’au 30 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Anni Albers, fil à fil

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