Exposition - Art moderne

Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut , Villeneuve-d’Ascq (59)

André Lanskoy : un Russe au LaM

Jusqu’au 15 janvier 2012

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 17 novembre 2011 - 352 mots

VILLENEUVE-D'ASCQ

Toutes les expositions ne peuvent réjouir les sens et l’esprit de prime abord, mais certaines méritent plus que d’autres que l’on s’y attarde.

« Lanskoy, un peintre russe à Paris » est de celles-là. Un premier parcours rapide laisse dubitatif, tant l’accrochage réunit des artistes différents, avec comme unique dénominateur commun leur origine russe. Plusieurs toiles d’André Lanskoy (1902-1976) : Igor accoudé (1937) ou Famille rose (1938-1940), petites pochades aux coloris aimables et gracieux, dans la tradition de la peinture russe de la fin du XIXe, cohabitent avec Femme et Enfant (vers 1920) de Soutine, ou Danse russe (1936) de Poliakoff. Autant dire le mariage de la carpe et du lapin ! Peintre naïf autodidacte, Lanskoy essaye tout simplement de transcrire sur la toile ce qu’il voit. Ce qui n’est pas précisément le cas de ses voisins de cimaise !

Les salles suivantes dévoilent un Lanskoy qui, loin de persévérer dans son style « naïf », qu’il ne reniera d’ailleurs jamais, prend des risques avec une évidente jubilation. À partir de 1937, sa foisonnante inventivité le conduit peu à peu à laisser de côté tout élément figuratif. Réalisées pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses petites gouaches peuvent apparaître comme la part la plus personnelle de son œuvre. L’immédiat après-guerre voit l’éclosion de la seconde école de Paris, à laquelle Lanskoy participe, aux côtés de Dmitrienko, Léon Zack et de Nicolas de Staël. La confrontation dans l’exposition des toiles de ce dernier avec celles de Lanskoy est redoutable, tant la puissance synthétique des meilleurs millésimes de Staël rend totalement inaudible les exigences picturales de Lanskoy.

Chrétien orthodoxe profondément croyant, Lanskoy conservera toute sa vie l’idée de la peinture comme quête d’un absolu inatteignable puisque Dieu et tout ce qui est sacré sont par définition incirconscriptibles. Lanskoy est le peintre du regard sur un monde en perpétuel recommencement plus qu’en perpétuelle mutation. Plusieurs grandes toiles telles que Composition verte (1955) ou Composition sur fond jaune (1960) montrent avec bonheur que cette voie aussi peut être féconde.

Voir « Lanskoy, un peintre russe à Paris »

LaM, 1, allée du Musée, Villeneuve-d’Ascq (59), www.musee-lam.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°641 du 1 décembre 2011, avec le titre suivant : André Lanskoy : un Russe au LaM

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