Alexandre le Grand Mythes et légendes

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 30 septembre 2010 - 389 mots

Fin connaisseur des ambitions démesurées et conquêtes sanglantes, Napoléon Bonaparte trace un étonnant portrait de l’homme qui bâtit le plus vaste empire de l’Antiquité, Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.)

« Alexandre, à peine au sortir de l’enfance, conquiert, avec une poignée de monde, une partie du globe ; mais fut-ce de sa part une simple irruption, une façon de déluge ? Non ; tout est calculé avec profondeur, exécuté avec audace, conduit avec sagesse. Alexandre se montre tout à la fois grand guerrier, grand politique, grand législateur. Malheureusement quand il atteint le zénith de la gloire, la tête lui tourne, ou le cœur se gâte : il avait débuté avec l’âme de Trajan, il finit avec le cœur de Néron et les mœurs d’Héliogabale. »

Bien sûr, comme tous les mythes, ceux concernant la vie et les exploits d’Alexandre le Grand n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité historique. Vingt-trois siècles après la disparition du « Maître de l’Asie », l’exposition « L’Immortel Alexandre le Grand » à l’Hermitage d’Amsterdam témoigne de la vivacité des mythes et légendes entourant la vie du jeune roi. L’année de sa mort, âgé de trente-deux ans, il régnait sur un territoire s’étendant des rives de la Méditerranée au bassin de l’Indus.

L’exposition débute par plusieurs grandes toiles, Alexandre le Grand et Roxane (1756) de Pietro Antonio Rotari, Apelles peint Campaspe (1705) de Sebastiano Ricci et d’immenses tapisseries (Alexandre le Grand et la famille de Darius, d’après un carton de Charles Lebrun, 1661-1695) illustrant la grandeur et la noblesse du jeune roi qui eut Aristote comme précepteur. Des objets venus d’Égypte, de Perse, de Babylone, ou réalisés par des nomades des steppes de l’Asie centrale, témoignent de la richesse des cultures des peuples soumis.

Cette exposition permet d’appréhender la complexité des réponses, parfois contradictoires, que l’on peut apporter à des questions qui n’ont rien perdu de leur actualité : quelle fut l’ampleur et la qualité des échanges culturels et des résistances entre conquérants et populations conquises ? Alexandre, civilisateur ou destructeur ? Les conquêtes des armées macédoniennes et grecques ne correspondent-t-elles pas à un déclin de l’hellénisme ? Au lieu d’helléniser l’Asie, n’ont-elles pas favorisé « l’asiatisation » de la Macédoine et de l’Hellade ?

« L’Immortel Alexandre le Grand », Hermitage, Nieuwe Herengrachtb 14, Amsterdam, (Pays-Bas), www.hermitage.nl, jusqu’au 18 mars 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°628 du 1 octobre 2010, avec le titre suivant : Alexandre le Grand Mythes et légendes

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