Alberola au pied du mur

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 février 1999 - 269 mots

Justement dédiée aux frères Ripolin, l’exposition de Jean-Michel Alberola au FRAC Picardie présente un ensemble tout à fait exceptionnel de peintures murales – pardon !, de dessins muraux – un aspect fort mal connu de l’œuvre de cet artiste, qui vient de recevoir le prix de la Ville de Paris pour les arts plastiques. En effet, Alberola n’a pas son pareil pour dresser au mur toutes sortes de « slogans » écrits et imagés – c’est ainsi qu’il les nomme lui-même – plus ou moins « raisonnables », qui en appellent tant à la mémoire qu’au rêve et qui sont chaque fois la projection « excédentaire » de sa naïveté avouée. « Roulez jeunesse et attention aux chutes éventuelles d’objets » prévient l’artiste dont les travaux comme ses tableaux cultivent le goût de la syncope, du fragment, du sous-entendu et de l’ellipse. Les références pleuvent : Giotto, Masaccio, Miró, Léger, les muralistes mexicains, voire Lawrence Weiner, mais aussi tout l’univers graphique d’une peinture murale qui, pour être publicitaire, n’en est pas moins de qualité. Magnifiquement mise en œuvre par les services techniques du FRAC, cette exposition qui joue de grands pans monochromes, de pleins, de déliés et d’images populaires et savantes fait la preuve par neuf – si nécessaire – de la pertinence du projet de l’institution picarde de créer un centre d’art spécialement consacré au dessin mural. Depuis quinze ans, le FRAC Picardie mène une politique exemplaire sur le terrain élargi du dessin ; le temps est venu pour lui d’asseoir son identité à l’échelon international en se dotant d’une telle structure.

AMIENS, FRAC Picardie, jusqu’au 11 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°503 du 1 février 1999, avec le titre suivant : Alberola au pied du mur

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