Lens (62)

Aimer selon l’art et avec les manières

Musée du Louvre-Lens - Jusqu’au 21 janvier 2019

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 30 octobre 2018 - 329 mots

LENS

Lançant son nouveau cycle de manifestations qui croisera davantage histoire et sociologie et les ancrera dans son territoire, le Louvre-Lens a choisi un sujet éternel traversant l’humanité, le premier des sentiments : l’amour.

Le titre de cette exposition aurait pu d’ailleurs s’écrire au pluriel, tant les propositions artistiques sont abondantes et les interrogations qu’elles suscitent nombreuses. Sept « manières » ont été retenues, qui vont de la séduction à la liberté, en passant par la passion et le plaisir. La femme est au cœur de cette « histoire de la relation amoureuse ». Selon les âges, elle domine ou subit, adoube ou rejette l’amant et en fait aux mains de Sade un objet de plaisir ou sa victime. Elle sert surtout de lien aux étapes d’une nouvelle carte du Tendre qui offre au visiteur un opulent ensemble de deux cent cinquante œuvres rythmant un parcours habilement ajusté autour du boudoir où la pénombre et la curiosité le conduisent forcément. Tour à tour Pandore gravée par Callot, Ophélie peinte par Everett Millais et Psyché sculptée selon Canova, elle est chaste avec Memling, lascive pour Rodin et en extase chez Le Bernin. Des rapprochements évocateurs rappellent que les artistes sont les miroirs d’une société multiple et évolutive. Ainsi de la robe blanche de la mariée qui se change en linceul. Un vitrail original du XVe siècle en jaune d’argent et grisaille montre que sur l’échiquier la reine réussit toujours par sa stratégie des positions à dominer le roi. Le regard sans cesse relancé par les peintures, les sculptures, les tapisseries, des porcelaines rarement vues qui sont autant de découvertes, le visiteur avance au gré de ses désirs. Pourtant, ceux-ci ne sont pas totalement comblés. Novateur certes, le propos a trop d’ampleur. Resserré dans le temps et les thèmes, il aurait permis d’aller plus loin dans l’exploration de cet univers infini que sont les émotions du couple. De même, si elles sont toutes de haute qualité, les œuvres manquent de l’unité visuelle qui doublerait leur intérêt.

« Amour »,
Musée du Louvre-Lens, 99, rue Paul-Bert, Lens (62), www.louvrelens.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Aimer selon l’art et avec les manières

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