Bâle (Suisse)

Abstraction trop abstraite

Confrontation

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 23 septembre 2013 - 347 mots

Bernhard Mendes Bürgi, commissaire de l’exposition et directeur du Kunstmuseum, a réuni les œuvres des Américains Barnett Newman, dont Bâle acquiert la première œuvre dès 1959, et Dan Flavin, dont les néons habillent les quatre coins de la cour du musée depuis 1979.

Il organise leur rencontre avec celle d’un précurseur européen de l’art abstrait, Piet Mondrian, tous trois partageant « une pratique artistique ascétique basée sur l’utilisation non figurative des couleurs et des formes ». Servie par une scénographie séduisante, l’exposition tisse en effet un fil rouge de forme et de couleur évident à première vue. La trame orthogonale des Compositions de Mondrian répond à la verticalité des tubes de néon de Dan Flavin, partie de son œuvre The Nominal Three (to William of Ockham) (1963) installée dans la dernière salle. Entre elles, les « zips », ces traits verticaux qui divisent les vastes toiles colorées de Barnett Newman, assurent, la continuité du fil, comme Wild (1950), un simple trait vertical rouge comme un zip réduit à lui-même. Les couleurs poursuivent la correspondance visuelle, chaque œuvre ayant été choisie pour ses dominantes rouge, bleu et jaune, extraites de la palette chromatique réduite aux primaires de Mondrian. Mais l’évidence visuelle simplifie quelque peu les recherches de ces trois artistes, nés à trente ans d’intervalle chacun, réunis ici de façon succincte sous le terme d’abstraction. Newman s’oppose en réalité à Mondrian, qu’il juge contraint par la géométrie, pour venir libérer la couleur de la forme, s’intéressant tardivement au trio chromatique du peintre européen. Après la mort de Newman, Dan Flavin utilise les trois couleurs dans deux œuvres-hommages, titrant l’une de manière fort ironique : Sans titre (à Barnett Newman pour commémorer son simple problème rouge, jaune et bleu) (1970). Finalement, par l’utilisation de banals néons du commerce, Flavin « récuse toute la dimension métaphysique qui réunissait Mondrian et Newman », conclut le commissaire de l’exposition, un propos développé dans le catalogue, mais absent d’un parcours trop simplifié.

« Piet Mondrian – Barnett Newman – Dan Flavin »,

jusqu’au 19 janvier 2014, Kunstmuseum Basel, St. Alban-Graben 16, Bâle (Suisse), www.kunstmuseumbasel.ch

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°661 du 1 octobre 2013, avec le titre suivant : Abstraction trop abstraite

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