1934... Paris découvre la « réalité »

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 6 août 2007 - 376 mots

En 1934, à l’Orangerie, une exposition révèle au public les peintres de « la réalité » du XVIIe. Revue et augmentée, cette exposition phare revient pour l’accrochage inaugural du musée rénové en 2006.

Alors que 1934 résonne dans nos mémoires de façon douloureuse — une manifestation organisée place de la Concorde contre le gouvernement Daladier dégénère et se conclut par une quinzaine de morts —, deux événements en font une année riche en débats esthétiques. Le premier est la publication par Lewis Mumford d’un ouvrage intitulé Technique et civilisation. L’auteur y concentre son intérêt sur la photographie l’opposant à l’ancestrale peinture et la considérant comme « la meilleure éducation vers un sens complet de la réalité ». Le second est l’exposition qui se tient à l’Orangerie, intitulée « Les Peintres de la réalité en France au XVIIe siècle ».

Première rencontre avecGeorges de La Tour
Si l’exposition de 1934 à l’Orangerie renouvelle l’appréciation de l’art français du xviie siècle, elle participe également à la révélation de Georges de La Tour.
Organisée par les historiens d’art Paul Jamot et Charles Sterling, « Les Peintres de la réalité en France » illustre le regain d’intérêt que connaît alors le réalisme et qui détermine une bonne part de la création picturale de l’époque. À quelque soixante-dix ans de distance, le regard que propose d’y porter Pierre Georgel, directeur de l’Orangerie et commissaire de l’exposition, en dit long sur les mouvements d’humeur d’une production artistique qui n’a pas fini d’en débattre avec la question du réel.

L’écho du réalisme chez les peintres des années 1930
À ce propos, l’idée du conservateur a été non seulement de reconstituer l’exposition de référence, mais d’en éclairer la portée en y associant un certain nombre d’œuvres d’art moderne. Ainsi les Le Nain, de La Tour, Valentin, Tournier, Rivalz et autres réalistes du passé voisinent-ils avec Denis, Picasso, Léger, Balthus, Hélion et autres consorts.
Scènes de genre, autoportraits et natures mortes y trouvent à juste titre leur compte, étant des genres qui se sont toujours acoquinés avec le réel. Il y a là une relation à l’œuvre qui nous touche au plus près et qui, par delà le contingent et le concret, procède d’une mesure universelle. Le réalisme au service de l’humanisme, en quelque sorte.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : 1934... Paris découvre la « réalité »

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