13 mar. - 01 juil. 2012

Paris

Musée d'Orsay

Degas et le nu

En octobre 1892, Edgar Degas présenta une exposition de vingt-six paysages à la galerie Durand-Ruel, ce fut sa première et dernière exposition personnelle. 120 ans plus tard, une grande exposition monographique s’intéresse à l'évolution de l’artiste dans la pratique du nu. Ce sont 170 œuvres, essentiellement de la main de Degas, qui sont présentées à travers la peinture, la sculpture, le dessin, l'estampe et surtout le pastel qu'il a porté à son plus haut degré d'achèvement.

Le Musée d’Orsay avait déjà co-organisé une grande rétrospective consacrée à Degas en 1988, mais cette fois-ci l’exposition, présentée en collaboration avec le Museum of Fine Arts de Boston, est dédiée au nu féminin, qui occupe une place prédominante dans l’œuvre de l’artiste.

Edgar Degas, de son vrai nom Hilaire Germain Edgar de Gas, est né à Paris le 19 juillet 1834. Il est originaire d'une famille de la haute bourgeoisie, son père est banquier. L’artiste fit de solides études au lycée Louis-le-Grand à Paris, puis à la faculté de droit, mais avec l'assentiment de sa famille il se consacre à sa véritable vocation, la peinture. En 1854 il s’inscrit à l’atelier de Louis Lamothe, ancien disciple d'Ingres, qui l'engage à suivre l'enseignement de ce maître : « Faites des lignes, jeune homme, beaucoup de lignes, de souvenir ou d'après nature, c'est ainsi que vous deviendrez un bon artiste ». Et c’est peut-être en se souvenant des nus féminins d’Ingres, comme La baigneuse Valpinçon, que l’artiste a dessiné ses femmes à leur toilette, en cernant d’un trait sombre et sensuel les contours de leurs corps.

En 1855, il commence à suivre des cours à l’École des beaux-arts de Paris, mais il entreprend de 1856 à 1860 de nombreux voyages en Italie, souhaitant approcher l’art des grands maîtres. Il suit d’ailleurs à Rome des cours du soir à la Villa Médicis. Ses œuvres de jeunesse comptent quelques peintures d’inspiration néoclassique et de nombreux portraits des membres de sa famille, mais il abandonne progressivement les sujets traditionnels pour se tourner vers des thèmes plus contemporains. Il préfère ainsi les scènes urbaines, telles que les courses de chevaux, la danse, l’opéra ou la vie quotidienne tout simplement. Pour peindre la vie moderne, il a parfois recours à des effets lumineux expressifs et invente des compositions très audacieuses. Il fut également l’un des premiers artistes à s’intéresser aux compositions des estampes japonaises. Il participe aux premières expositions impressionnistes à partir de 1874, et s'impose à la troisième en 1877, avec vingt-cinq œuvres présentées. Mais il ne trouve sa place dans le mouvement qu’au nom de la liberté de peindre, puisqu’il affirme préférer au plein air « ce que l’on ne voit plus que dans sa mémoire ». C’est vers cette époque qu’il commence à explorer les thèmes des repasseuses, des modistes ou des femmes à leur toilette, tout en s’intéressant au monde de la nuit, des prostituées aux chanteuses de cafés-concerts.

À partir des années 1880, Degas concentre ainsi son attention sur la représentation de nus féminins, de femmes saisies dans leur intimité de tous les jours, dont le réalisme a fait dire à Huysmans que : « Degas a jeté à la face de son siècle le plus excessif outrage, en culbutant l'idole souvent ménagée, la femme qu'il avilit lorsqu'il la représente en plein tub, dans les humiliantes poses des soins intimes. ». Mais l’artiste avait lui-même déclaré que : « Jusqu’à présent, le nu avait toujours été représenté dans des poses qui supposent un public. Mais mes femmes sont des gens simples... Je les montre sans coquetterie, à l’état de bêtes qui se nettoient ». Il fut d’ailleurs souvent traité de misogyne pour de tels propos. Les femmes étant souvent montrées de dos, Degas affirmera plus tard qu’il a « peut-être trop considéré la femme comme un animal ». Le travail du pastel permet un rendu naturaliste à travers des effets lumineux et colorés très originaux, en traduisant les vibrations de la lumière sur le corps des femmes. Mais cette technique permet également à Degas, éternel insatisfait dont la vue commence à décliner, de reprendre sans cesse son œuvre. Une schématisation des formes presque moderne est atteinte à la fin de sa carrière.

À la fin des années 1890, l’artiste est presque aveugle et se consacre quasi exclusivement à la sculpture, qu’il pratique déjà depuis une dizaine d’années. Il transpose ses sujets favoris dans la cire, ce sont la forme et le mouvement qui le préoccupent, ce qui explique que les sculptures frappent ses contemporains par leur réalisme.

L’exposition mise en place par George T. M. Shackelford, conservateur au Museum of Fine Arts de Boston et Xavier Rey, conservateur au Musée d'Orsay, bénéficie du fonds d'œuvres graphiques du Musée d'Orsay, rarement montré pour des raisons de conservation, ainsi que de prêts exceptionnels des plus grandes collections, comme celles du Philadelphia Museum of Art, de l'Art Institute de Chicago ou du Metropolitan Museum of Art de New York. Elle sera également présentée à Boston du 9 octobre 2011 au 5 février 2012.

Informations pratiques
MUSÉE D'ORSAY

1, rue de la Légion-d’Honneur
Paris 75007
Ile-de-France
France

Contact
+33 (0)1 40 49 48 14
SITE WEB
http://www.musee-orsay.fr

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