22 avr. - 24 mai. 2008

Paris

Galerie Bailly contemporain

Taguer n'est pas Jouer

Il fallait voir le quai Voltaire à Paris, le soir du vernissage, bondé de jeunes à casquette davantage coutumiers des galeries du métro que de celles du Carré Rive Gauche. Selon la galeriste, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre sur la blogosphère : Nasty, O'Clock, Darco, Alex, Tieri TDM... graffaient l’hôtel particulier de la galerie Bailly ! Graffaient ? En réalité non, ils « exposaient ». Car les artistes, graffeurs et tagueurs, ont accroché leurs toiles, panneaux de signalisation, dessins et installations d’une manière conventionnelle qui n’a rien a envier aux accrochages d’art contemporain.

Apparu dans les années 1980, l’art de la rue est depuis peu consacré par les galeries (dont Magda Danyz et maintenant Bailly), les salles de ventes et les collectionneurs qui voient dans la qualité et la puissance de certains artistes le moyen d’acquérir des œuvres importantes à un prix encore abordable.
Dans la variété de la production aussi. Car si Nasty (né en 1974), connu des amateurs pour avoir tagué le métro parisien dans les années 1980, développe un graffiti pur, composé de lettres peintes à la bombe, Gökçe Celikel (née en 1976) s’exprime quant à elle avec de l’huile sur la toile, dans un hyperréalisme confondant et provoquant. Sur la toile toujours, Luis Rodrigo Medina réalise lui aussi des portraits mais cette fois en « négatifs », à l’aide de simples bandes de scotch. Le résultat, proche du graphisme épuré des affiches de Mai 68, est saisissant. Saisissantes sont également les toiles figuratives d’Alex (né en 1973) qui, dans sa technique mixte, intègre le « posca », outil traditionnel du tagueur. Tieri TDM enfin (né en 1965), un temps photographe, réalise depuis 2004 de drôles de sculptures qu’il appelle Incompressions. Autour d’une radio portative par exemple, objet emblème du mouvement hip-hop, l’artiste compresse des bombes aérosols.

Enfermé dans une galerie, le risque, pour ce Main Stream de l’art actuel, est de perdre son vent de rébellion, son souffle de liberté. L’art du graffiti a besoin d’air, et Hélène Bailly l’a bien compris en invitant à exposer, les premiers jours de l’exposition, la reporter new-yorkaise Martha Cooper (née en 1943), dont le travail d’anthropologie photographique témoigne aujourd’hui de l’émergence de cette culture dans les années 1970-1980. Le graffiti est né dans la rue, il s’agit de ne pas l’oublier.

Informations pratiques
GALERIE BAILLY CONTEMPORAIN

25, quai Voltaire
Paris 75007
Ile-de-France
France

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