Georg Baselitz - Estampes, encres récentes et gouaches

De toute évidence, Baselitz attaque la plaque de cuivre, de bois ou de linoleum avec autant de violence et de maîtrise que lorsqu’il peint ou qu’il sculpte à la hache et à la scie. C’est donc du brut de décoffrage ! On retrouve ici avec plaisir certains leitmotivs chers à l’artiste : la fragmentation des corps, les ombres portées, le retournement du motif – technique lui permettant d’oublier le sujet pour se consacrer au jeu pictural en tant que tel - puis des images remixées de ses tableaux les plus célèbres - La Fille d’Olmo, jeune fille à bicyclette roulant la tête à l’envers, ou encore La Main, dont la paume ouverte présente une maison en flammes. On peut dire que l’expo Remix porte bien son nom. On a vraiment un curieux mix entre d’une part le sentiment de fraîcheur des œuvres exposées (légèreté du support papier, virtuosité d’une ligne coup de fouet, arborescences aquarellées…) et d’autre part la « brutalité » des figures massives, hiératiques, charpentées (Berger, Héros divisé, L’arbre...) qui se présentent à nous dans leur verticalité toute frontale. De plus, toujours concernant le titre de l’expo, dans cette idée d’un artiste « DJ » qui réinterprète, recycle ou sample à satiété ses propres œuvres – ce qui est le cas ici -, on aurait pu craindre le danger de « l’art pour l’art », d’un artiste en vase clos s’adressant à un cercle réduit d’happy few, mais, heureusement, il n’en est rien car il y a une telle variation illimitée autour des thèmes, des couleurs, des surfaces et un tel esprit d’expérimentation à l’œuvre ici que cela fait de l’ensemble du corpus d’œuvres exposées chez Putman un véritable terrain plastique ouvert sur des sentiers d’infinies libertés. Oui, dans ce perpétuel « dialogue avec soi même », les dessins merveilleux de Baselitz risquent définitivement de vous mettre la tête en bas, chapeau bas !