Foire & Salon

Enfin, le design revient à la Fiac

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 2 octobre 2017 - 759 mots

PARIS

Après plusieurs années d’absence, les organisateurs ne souhaitaient pas attendre davantage pour réintégrer le design, même sur la pointe des pieds.

L’une des nouveautés, et non des moindres, pour cette 44e édition de la Fiac, est la réimplantation du design dans l’enceinte du Grand Palais. Il y avait fait son apparition en 2004 avant d’être écarté en 2010, faute de place et compte tenu de la multiplicité des événements lui étant consacrés. « D’un commun accord avec les galeries, nous avions suspendu cette section, mais ce n’était qu’en attendant de pouvoir mieux les accueillir », explique Jennifer Flay, directrice artistique de la manifestation. La réintégration s’est faite cette année, « car je n’ai pas envie d’attendre plus longtemps. Je sens une sorte d’urgence », confie-t-elle. Ce n’est pas Marcel Brient, grand collectionneur de design qui dira le contraire : « Le design est à l’abandon en France », estime-t-il.
 

cinq galeries françaises

Alors que Jennifer Flay souhaitait mettre en place dès cette année une foire de design avec un groupe restreint d’une douzaine de galeries, celles consultées ont préféré être présentes au Grand Palais, dans un premier temps. Ainsi, même si c’est un retour sur la pointe des pieds, cinq galeries – toutes françaises – ont été sélectionnées : Jousse Entreprise, Laffanour-Downtown, Kreo, Patrick Seguin et Éric Philippe. Elles occupent l’espace situé au fond de la nef dans lequel se déroulait le prix Marcel Duchamp. Pour l’occasion, la salle a été repeinte en blanc et son ouverture agrandie. Chaque exposant y dispose de 25 m2. Certes, c’est peu, comparé à d’autres foires, mais « on ne peut pas pousser les murs ! », lance la directrice.

Le choix s’est porté sur ces cinq acteurs du marché, car la Fiac a établi un dialogue avec eux depuis de nombreuses années – Philippe Jousse ou encore Didier Krzentowski (Galerie Kreo) étaient déjà des éléments moteurs lors de la création de la section en 2004. Il n’y avait pas non plus l’envie d’axer l’exposition sur tel ou tel aspect du design, bien que le design historique tienne une place de choix au final. « Et puis ces cinq galeries forment un groupe : elles font partie des meilleures du monde dans leur spécialité », souligne Jennifer Flay, avant d’ajouter que « ce n’est pas un choix arbitraire. C’était une volonté de créer une sorte de noyau dur. Nul ne peut ignorer qu’il y a d’autres galeries qui pourraient y être, mais il n’y a pas l’espace. »

En 2004, la Fiac a été la première foire à intégrer le design. « Cette idée m’est venue en observant le comportement de nos collectionneurs : si on cherche la beauté et l’excellence dans une œuvre d’art, il devient alors difficile d’y mettre à côté une chaise ou une table quelconque. Donc, exposer l’art et le design dans la même enceinte semblait être la meilleure option », rapporte Jennifer Flay. Une fois cette idée lancée, dans les années qui ont suivi, chaque foire d’art contemporain a eu un secteur design, « mais maintenant, la tendance s’est essoufflée, par manque de pièces mais aussi parce que les galeries ont dû faire un choix compte tenu de la naissance des foires consacrées entièrement au design, comme Design Miami/Basel ou le PAD », note la directrice. « Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a que la Fiac qui ait véritablement intégré dans un même espace un secteur design », constate Éric Philippe. En effet, pour les autres foires d’art contemporain, comme Art Basel, le secteur design se tient dans une enceinte proche mais distincte.

Quoi qu’il en soit, la réapparition du design à la Fiac a vocation à être pérennisée. Après les travaux du Grand Palais, davantage de galeries de design viendront rejoindre celles déjà présentes.

 

 

Greta Magnusson Grossman
Cette paire unique de sièges en pin sylvestre, d’une valeur de 14 000 euros, a été réalisée par l’architecte designer suédoise Greta Magnusson Grossman (1906-1999) pour la Villa Sundin en 1950. Commandée par Göran et Adelaïde Sundin, la villa est la seule et unique maison construite en Suède, sur les hauteurs de Hudiksvall, par l’architecte. Elle condense cependant toutes les innovations et la modernité des maisons qu’elle créa à Los Angeles.
Marie Potard
 
Galerie Éric Philippe (Paris)
Jean Prouvé
Ce bureau Présidence (vers 1955) était celui d’André Bloc dans ses locaux de l’Architecture d’aujourd’hui, journal qu’il avait lui-même fondé et entièrement consacré aux nouveaux mouvements d’architecture. Ce bureau, d’abord nommé Haricot puis Présidence vers 1953, fait partie des pièces emblématiques de l’architecte Jean Prouvé (1901-1984), qui bénéficie actuellement d’un engouement international. Valeur : 500 000 euros environ.
Marie Potard
 
Galerie Patrick Seguin (Paris)

 

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°705 du 1 octobre 2017, avec le titre suivant : Enfin, le design revient à la Fiac

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