Espagne - Art contemporain - Disparition

Décès d’Antoni Tápies à l’âge de 88 ans

Par Chloé Da Fonseca · lejournaldesarts.fr

Le 7 février 2012 - 454 mots

BARCELONE (ESPAGNE) [07.02.12] – Malade depuis quelques temps, Antoni Tápies s’est éteint à 88 ans le 6 février 2012, à son domicile, dans sa ville natale de Barcelone. Considéré comme l’un des derniers géants de sa génération, Tápies exerça sa peinture avec conviction jusqu’à la fin. PAR CHLOÉ DA FONSECA

Né en 1923 dans une famille bourgeoise, Antoni Tápies a connu les grands drames de l’histoire espagnole qui ont influencé son oeuvre : la guerre civile, la Seconde Guerre mondiale et la dictature franquiste, durant laquelle il était résistant. Il se tourne vers la peinture à 23 ans, dans les années 1940. Durant une longue convalescence à la suite d’une maladie pulmonaire, il copie Van Gogh et Picasso. Par la suite, il connaît très vite le succès. Dans le journal El Periódico, Artur Mas, président de la Generalidad de Cataluña, décrit Tápies comme « l’artiste le plus radicalement catalan dans sa pensée, son expression et ses références, et en même temps le plus universel par son langage et sa projection internationale ».

Débutant sa carrière dans le milieu néo-surréaliste, il cofonde le mouvement Dau al Set ; son œuvre est alors influencée par Juan Miró et Salvador Dalí, deux compatriotes catalans, ainsi que par Picasso qu’il rencontre à Paris. Dans les années 1950, il se tourne vers une forme d’art plus brute, utilisant des matériaux pauvres de récupération, tels que la ficelle, le fil de fer, le papier, la corde, la paille et la terre, qu’il fixe avec de la colle. Les lacérations et griffures qu’il fait subir à ses œuvres, la rugosité et la dimension sculpturale qu’il y apporte sont nourries de multiples influences. Ses œuvres laissent transparaître une forte empreinte philosophique, symbolique et spirituelle ; il s’inspire notamment du bouddhisme et des religions orientales.

Exposé dans les plus grands musées du monde, Tápies a participé à de nombreuses biennales dès 1952 à travers le monde. Il y reçoit sept distinctions internationales, dont l’une des plus prestigieuses : le Lion d’Or de Venise en 1993. En 1994, la France l’élit membre associé étranger de l’Académie des beaux-arts ; en 2010, le roi d’Espagne Juan Carlos lui remet le titre de Marquis de Tápies en l’honneur de sa grande contribution aux arts plastiques espagnols et internationaux.

Ses dernières expositions en France ont eu lieu à la galerie parisienne Lelong ; ses dernières rétrospectives datent de 1994, au Jeu de Paume, et de 2006 à l’Hôtel des Arts de Toulon. Tápies avait également créé une fondation éponyme en 1984 à Barcelone ; il avait écrit sept livres et essais d’art. Selon l’historien de l’art Manuel Borja-Villel, qui s’est exprimé à la radio espagnole, « l’important, c’est qu’il nous reste ses œuvres, qui sont extraordinaires, ainsi que son travail de collectionneur, sa fondation et ses écrits ».

Légende photo

Antoni Tàpies en 2008, à la fondation IDIBELL - © photo CanalHub Fotos - 2008 - Licence CC BY-ND 2.0

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