Voyages express dans le futur

Ce périscope surgi du bitume est l’une des six bornes de réalité virtuelle installées, en partenariat avec la start-up Timescope, par la Société du Grand Paris en lisière des chantiers du futur métro. Six courtes vidéos tournées à 360°, une pour chaque borne, y sont diffusées en libre accès. Ces « haïkus numériques », selon la formule de José-Manuel Gonçalvès, directeur du 104 et directeur artistique du Grand Paris Express, sont le fruit d’un appel d’offres lancé à destination d’artistes de moins de 35 ans censés s’exprimer dans une langue commune à une nouvelle génération d’usagers, celle des technologies et de la réalité virtuelle. Chaque vidéo, élaborée à partir de la maquette de chacune des gares, est une évocation du quartier et du bâtiment appelé à y voir le jour. Ces vues d’artistes sont complétées par un film court à visée plus didactique. Libérée de toute obligation de réalisme, chaque œuvre développe, à la façon d’une miniature immersive, sa propre esthétique. Celle signée par Kaspar Revel, qui se définit comme un artiste Internet, territoire dont il maîtrise les codes et les limites, traduit les sensations d’un début de journée dans un paysage digital impressionniste. Passionné par les levers de soleil et leur gradation de couleurs, Kaspar Revel a longuement travaillé sa palette de données compressées pour obtenir des effets de rose presque charnels. Ce choix chromatique comme la voix off du message téléphonique accompagnant les images contribuent à rendre son œuvre vivante. José-Manuel Gonçalvès affirme d’ailleurs être agréablement surpris par les chiffres de fréquentation des bornes. « Nous pensions enregistrer 30 passages par jour, on est plutôt autour de 150. »