Chine - Collectionneurs

Art chinois, vingt ans d’acquisitions

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 17 septembre 2008 - 647 mots

Le couple belge Myriam et Guy Ullens expose dans sa fondation à Pékin les fleurons de sa collection.

PÉKIN - À l’occasion des Jeux olympiques de Pékin, qui ont porté un coup de projecteur mondial sur l’empire du Milieu, les collectionneurs belges Myriam et Guy Ullens ont souhaité présenter largement leur collection d’art chinois au sein de leur fondation. Cette dernière s’est en effet installée en novembre 2007 dans un bâtiment de 8 000 m2 réaménagé par les architectes Jean-Michel Wilmotte et Ma Qingyun, et situé dans le 798 Art District, l’un des quartiers de galeries branchées de Pékin où se trouve également l’antenne chinoise de l’Italienne Continua.
Les Ullens, qui ont commencé à acquérir des pièces d’artistes chinois il y a vingt ans, sont aujourd’hui à la tête d’un ensemble impressionnant. L’exposition s’en fait l’écho en réunissant une soixantaine d’artistes.
Le visiteur accède dans le grand hall de la fondation par un tunnel constellé de postes de télévision et se terminant par un long toboggan. Gare aux réceptions hasardeuses ! Cette pièce de Wang Du, le Tunnel espace-temps, qui traverse le hall, est bien connue des visiteurs du Palais de Tokyo, à Paris. Elle y fut présentée dans le cadre de l’exposition personnelle de l’artiste en 2004. Ce rapprochement avec le centre d’art parisien n’est pas fortuit. Le principal commissaire de « Our Future » n’est autre que Jérôme Sans, l’un de ses premiers codirecteurs. On retrouve d’ailleurs à Pékin la « manière » du Palais de Tokyo première période. Les œuvres y sont exposées dans un savant désordre, sans souci de sens ou de rapprochements esthétiques, dans une ambiance dada qui mise sur les heureux hasards. L’exposition n’est pas construite sur un propos ou une réflexion, mais cherche plutôt à tirer son énergie des pièces elles-mêmes. Dans ce contexte, ce sont évidemment les morceaux de bravoure, les gestes les plus spectaculaires qui s’en sortent le mieux, comme les créations de Chen Zhen (Perceverance of Regeneration, 1999) ou de Huang Yong Ping (Buddah’s Hand, 2002). Les confrontations sont parfois rudes. Même si, selon Jérôme Sans « chaque œuvre vit sa vie », il y a des vies plus débordantes que d’autres ! Le mur de parpaings percé en son centre d’un dragon de Lin Yilin (Our Future, 2002) occulte ainsi outrageusement de sa verticalité grise une œuvre de Cai Guo-Quiang et une peinture de Zhang Xiaogang ! Ailleurs, quelques compositions se démarquent par leur poésie, comme l’installation de savons de différentes couleurs de Chu Yun (Who Stole our Bodies, 2003), exposée ici pour la première fois, ou les villes en valise de Yin Xiuzhen (Portable City : Umruchi, 2008). Au total, une centaine de pièces jouent leur composition indépendamment d’un chef d’orchestre et dans un joyeux brouhaha.
Parallèlement à l’exposition, les collectionneurs exposent un ensemble de commandes réalisées spécialement par les artistes Ai Weiwei, He An, Liu Wei, Michael Lin, Wang Du, Wu Shanzhuan, Wang Jianwei, Sui Jianguo, Yan Lei et Yan Pei-Ming. Ce dernier a ainsi peint le portrait de Guy et Myriam Ullens dans son style incomparable, tableau de grande dimension accroché au-dessus du comptoir d’accueil de la fondation. Mais en toute simplicité.

Faire du lieu un événement

Éloigné du centre de Pékin, de plus en plus concurrencé par les nouveaux quartiers de galeries, l’UCCA se doit de multiplier les activités pour attirer le public. La fondation propose ainsi un riche programme de conférences, événements spéciaux, performances et projections de films, sans compter l’appareil éducatif mis à la disposition des enfants et des familles. En complément, l’UCCA a ouvert le 12 août un restaurant, le « Super Ganbei » (que l’on pourrait traduire par « Super toast »), qui se veut animé et branché. Le lounge du restaurant prévoit aussi des concerts et des soirées DJ. De quoi accueillir les autres activités du directeur du lieu et membre du groupe Liquid Architecture, Jérôme Sans.

OUR FUTURE : THE GUY & MYRIAM ULLENS COLLECTION

Jusqu’au 12 octobre, Ullens Center for Contemporary art (UCCA), 798 Art District, No.4 Jiuxianqiao Lu, Chaoyang District, Pékin, Chine, tél. 86 10 8459 9269, http://ucca.org.cn, tlj sauf lundi 10h-19h. Catalogue.

- Commissaires : Jérôme Sans, Guo Xiaoyan et Kate Fowle
- Nombre d’artistes : 60
- Nombre d’œuvres : 100

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°287 du 19 septembre 2008, avec le titre suivant : Vingt ans d’acquisitions

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