États-Unis

Un nouvel « art museum » pour Miami

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2014 - 745 mots

Avec le déménagement dans un nouveau bâtiment, puis l’ouverture du Pérez Art Museum Miami, la ville espère développer une nouvelle ambition culturelle.

MIAMI - Si Miami (États-Unis) est en  2002 soudainement apparue sur le planisphère des destinations culturelles, c’est à la foire Art Basel Miami Beach qu’elle le doit, laquelle depuis douze ans rameute chaque année début décembre une bonne part des protagonistes de la planète arty. Les habitants se  sont approprié «  Art Basel  » comme un événement incontournable et vous en parlent dans la rue. Les artistes le vivent comme une bouffée d’air qui secoue la ville le temps d’une semaine. Car en dehors de cette courte période, force est de constater que la vie culturelle locale se résume à une morne plaine. Certes le Museum of Contemporary Art North Miami entretient un programme régulier d’expositions, sans doute pas assez vues. Ce qui ces temps-ci fait l’objet d’une polémique alors qu’est prêtée aux autorités, sans que rien ne soit acté, l’intention de le faire déménager plus au sud de la ville et de transformer son espace en centre culturel dédié à la communauté haïtienne  ; une option catégoriquement rejetée par la collectionneuse Rosa de la Cruz qui lui a donné plusieurs œuvres afin, affirme-t-elle, de les donner à voir… au nord  !

Autre institution installée au centre-ville, dans des espaces inadaptés et bien peu attractifs, le Miami Art Museum attendait de longue date son relogement dans un nouveau bâtiment  : un déménagement qui fut retardé de plusieurs années en raison du gros vent soulevé par la crise économique. Voilà qui est chose faite, avec son installation au bord de la baie, sur un emplacement immanquable pour qui se rend en voiture à Miami Beach, dans un édifice flambant neuf conçu par les stars bâloises Herzog & de Meuron. Le musée a, dans le transfert, changé de nom, devenant le Pérez Art Museum Miami (PAMM). Cette nouvelle identité était une exigence du promoteur et collectionneur Jorge Pérez, afin d’apporter la somme de 40 millions de dollars (pour moitié en cash et en œuvres d’art, des maîtres latins essentiellement, tels Fernando Botero, Roberto Matta ou Wifredo Lam).

Un avenir incertain
L’opération a fait polémique, entraînant en 2011 la démission d’une partie du conseil d’administration. Et si les dirigeants actuels du musée affirment que tout est rentré dans l’ordre, ce n’est toujours pas l’avis d’une partie de la communauté artistique, créatifs en tête, dont beaucoup se sentent désormais en délicatesse face à une institution ainsi «  vendue  ». En outre, avec des finances pas mirobolantes et une collection lacunaire comprenant 1 800  œuvres, la nouvelle entité ne saurait se passer de la générosité des autres puissants collectionneurs de la ville que, rivalités obligent, on imagine désormais moins enclins à la soutenir, tant par des dons que du numéraire. Au-delà de ces querelles de clocher l’opération est une réussite, avec un bâtiment d’une surface de 20 000  mètres carrés, dont 11 000  mètres carrés d’intérieurs –  3 000 pour les espaces d’expositions  – se déployant sur deux niveaux. Si l’extérieur fait de blocs imbriqués semble étrangement quelque peu daté, peut-être cet effet s’atténuera-t-il une fois complètement fournies les 67 colonnes végétales imaginées par Patrick Blanc  ? Suspendues aux prolongements de la toiture, elles feront ingénieusement effet de régulateur thermique.

Sobres, hauts de plafond et largement ouverts sur le dehors, les intérieurs sont eux aussi très bien imaginés, dispersant quatre espaces dédiés à des projets temporaires –  dévolus pour l’ouverture à Bouchra Khalili, Monika Sosnowska, Hew Locke et Yael Bartana  – et intégrant un auditorium entièrement ouvert entre les deux niveaux, en lieu et place de la traditionnelle boîte close.

Alors que deux grandes galeries ont été réservées à une exposition dévolue à Ai WeiWei, un choix bien peu audacieux mais qui marque une évidente volonté d’ouverture internationale, la partie la plus intéressante donnée à voir pour l’inauguration tient dans le déploiement dans six galeries d’une part de la collection, renforcée par quelques prêts extérieurs. Sous le titre «  Americana  » sont explorées dans un accrochage réussi des thématiques telles le paysage, la violence corporelle ou la création formaliste marquant la création tant nord que sud américaine. Reste à voir si passé l’effet de l’ouverture, et hors semaine d’Art Basel, le PAMM se montrera plus visité et attractif dans son programme que l’ancien Miami Art Museum  ?

Pérez Art Museum Miami,

1103 Biscayne Blvd., Miami, États-Unis, tél. 1 305 375 3000, www.pamm.org, tlj sauf lundi 10h-18h, jeudi 10h-21h.

Légende photo

La façade nord du Pérez Art Museum Miami. © Photo : Iwan Baan.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°404 du 3 janvier 2014, avec le titre suivant : Un nouvel « art museum » pour Miami

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