Tribune libre

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 27 juin 2018 - 551 mots

Longchamp -  Tel un pur-sang au galop, la tête projetée en avant afin de tutoyer au plus vite la ligne d’arrivée.
Ainsi se déploie, selon les mots de son architecte Dominique Perrault, la nouvelle tribune de l’hippodrome de Longchamp, à Paris, inaugurée le 29 avril après deux ans de travaux. Hissée juste à côté de la petite tribune historique dite « du Pavillon » (cent soixante et un ans au compteur), et venant remplacer celles datant du début des années 1960, elle en est leur parfaite antithèse. Fini les estrades uniquement orientées vers le champ de courses et adossées à un mur borgne. La transparence est de mise. Le bâtiment, qui arbore une couleur dorée mate, s’ouvre largement non seulement à l’avant, sur le champ de courses, mais aussi à l’arrière, et ce, sur toute sa longueur (160 m au garrot !), laissant ainsi au regard une totale liberté à 360°. « Le bâtiment se présente comme de grandes étagères qui se superposent les unes sur les autres, entièrement ouvertes des deux côtés. Il n’y a ni devant ni derrière, ce qui permet à l’architecture de disparaître dans le paysage, résume Perrault. Le porte-à-faux du dernier niveau ajouté aux planchers inclinés confère une dynamique à l’ensemble. » Coût des travaux : 140 millions d’euros.Depuis l’entrée, à l’ouest, on accède à la tribune par un large escalier menant directement au premier étage, à un « faux deck », en réalité un plancher en béton dont la surface imite les rainures du bois. Truffé d’ombrelles acoustiques de différentes hauteurs qui accueillent aussi toute la signalétique, ce niveau stratégique dessert l’ensemble du lieu. Avec ses 23 m de hauteur, la tribune consiste en un gigantesque socle de gradins surmontés de trois étages, dont deux intermédiaires s’inclinant vers la piste. Entièrement vitré, le niveau le plus élevé, qui comprend suites, salons privatifs, restaurant gastronomique et terrasse de 500 m2, déborde de l’édifice en un impressionnant porte-à-faux d’une douzaine de mètres de longueur, en l’occurrence la fameuse métaphore du… crâne de l’équidé s’élançant en direction du poteau d’arrivée. De grands volets coulissants en métal tissé protègent les larges fenêtres ornées de sérigraphies. Côté ouest, outre une vue imprenable sur le mont Valérien depuis chaque niveau, on peut distinguer, en plongée, les boxes des chevaux (cent vingt-six au total, dont trente-six nouveaux) et, surtout, l’indispensable « rond de présentation ». Côté est, face au champ de courses donc, la vision se déploie à 180°, aucun pilier ne venant la gêner : « Il y a eu un grand travail sur l’horizontalité, explique Perrault. Le dispositif est comme une scène de kabuki : les plafonds inclinés font que le spectateur concentre sa vision sur l’événement. » S’il lève un tant soit peu les yeux, il verra néanmoins le splendide panorama alentour : le bois de Boulogne, la tour Eiffel et… le ciel.

À savoir
L’hippodrome de Longchamp fait quelque 60 ha (dont 17 de pistes) sur les 846 ha du bois de Boulogne. À géométrie variable, ledit champ de courses peut passer de 500 à 20 000 spectateurs. « À aucun moment, le spectateur n’aura la sensation d’être perdu » , assure l’architecte. Lors d’un événement exceptionnel à l’instar, en octobre, du Prix de l’Arc de Triomphe, des tribunes amovibles sont ajoutées, afin d’atteindre une jauge de 60 000 à 70 000 personnes.
À voir
Hippodrome de Longchamp, 2, route des Tribunes, Paris-16e

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Tribune libre

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