Jardin

Tous aux jardins !

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 6 juillet 2020 - 733 mots

Jardins botaniques spécialisés ou jardins d’artistes font partie des merveilles du patrimoine à redécouvrir. Idéal pour un été « cultivé ».

Véritable phénomène de société, l’engouement pour les jardins ne se dément pas. Il faut dire que le patrimoine naturel de l’Hexagone offre une diversité sensationnelle et insoupçonnée, à même de rassasier les appétits de tous les amoureux de chlorophylle. Plus de quatre cents sites sont d’ailleurs labellisés Jardins remarquables, dont quarante rien qu’en Île-de-France. Si ce label évoque instantanément les somptueux jardins réguliers des grands châteaux, il désigne en réalité un panorama bien plus hétérogène. Les arboretums, irremplaçables conservatoires des arbres, abritent ainsi des milliers d’essences rares et insolites, à l’instar des spectaculaires arboretums des Barres, dans le Loiret, et de Balaine, dans l’Allier, pour ne citer que les doyens du genre, créés au XIXe siècle.

Dépaysement garanti aussi dans les potagers historiques. Parmi les plus bucoliques, on ne saurait trop recommander le potager fleuri de Saint-Jean-de-Beauregard, dans l’Essonne, où poussent en harmonie depuis le XVIIe siècle fleurs, fruits et légumes oubliés ! Ce site hors du commun constitue un exemple rarissime de jardin de l’Ancien Régime parvenu intact jusqu’à nous. Autre icône, le jardin du château de Villandry, dans l’Indre-et-Loire, plonge ses visiteurs dans l’atmosphère sophistiquée de la Renaissance. Ressuscité à la Belle Époque selon des méthodes archéologiques alors totalement novatrices, ce jardin de rêve a lancé la mode de la restitution des jardins historiques.

Les jardins des peintres

Autre genre incontournable, les jardins d’artistes sont une source d’émerveillement presque inépuisable. À commencer par l’indétrônable jardin de Claude Monet à Giverny, qui fut à la fois le laboratoire du peintre et la principale source d’inspiration de ses tableaux de la maturité. On ne présente plus son bassin aux nymphéas et son pont japonais ou encore son clos normand tapissé de fleurs multicolores. D’autres lieux plus confidentiels permettent également de découvrir le jardin secret d’artistes, tels les délicats jardins d’Henri Le Sidaner à Gerberoy, dans les Hauts-de-France. En 1901, l’artiste s’installe dans ce charmant village picard. Il construit d’abord son atelier d’hiver dans la cour de sa maison puis transforme le verger en jardin monochrome en plantant des œillets mignardises, des hortensias et des rosiers blancs. Il aménage ensuite sur les ruines de l’ancien château fort un jardin à l’italienne avec trois niveaux de terrasses, surmontées d’une roseraie aux tons chauds. Le tout est couronné d’un jardin jaune et bleu dont le point d’orgue est une tour ornée d’une gloriette dessinée par l’artiste et surplombant la campagne alentour.

Dans un tout autre registre, l’Île Verte, ancienne Villa Barbier à Châtenay-Malabry dans les Hauts-de-Seine (92), offre un face-à-face intime avec Jean Fautrier. L’artiste a en effet passé les vingt dernières années de sa vie dans cette maison située à proximité de la Vallée-aux-Loups. Lorsqu’il s’y installe au sortir de la guerre, la maison et son jardin sont pratiquement à l’abandon. Le peintre les entretient patiemment en cultivant le côté sauvage du site et le caractère exubérant de la végétation.

Sur les pas des Illustres

Parmi les monuments préférés des Français, les demeures d’artistes, d’écrivains et de personnalités occupent une place de choix. Depuis 2011, le ministère de la Culture décerne le label Maison des illustres aux plus intéressantes d’entre elles. La liste des onze nouvelles promues fournit ainsi des idées de visites originales, à l’image de la Maison de Marie Noël, à Auxerre, qui permet d’entrer dans le quotidien de la poétesse bourguignonne. À La Garde, dans le Var, Les Lauriers Roses, maison familiale de Jean Aicard, raconte quant à elle la carrière et le quotidien du romancier à travers des souvenirs, des dessins mais aussi des objets personnels et des œuvres d’art. Tandis que la Maison Verlaine, à Metz, permet de découvrir l’appartement bourgeois dans lequel l’auteur a grandi sous le second Empire et de suivre la passionnante trajectoire personnelle et artistique du symboliste.Outre les gens de lettres, cette nouvelle promotion met à l’honneur des monuments d’exception comme le château de Montaigu, à Laneuveville-devant-Nancy. La demeure conserve l’exceptionnelle collection de son dernier propriétaire, Édouard Salin, un personnage haut en couleur qui était à la fois industriel, collectionneur et archéologue. Véritable temple de l’éclectisme, le château abrite sous le même toit des peintures anciennes, des meubles, des objets du Proche-Orient, mais aussi des fresques Art déco et des pièces issues des fouilles de nécropoles mérovingiennes effectuées par le maître des lieux en personne.

Isabelle Manca

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°735 du 1 juillet 2020, avec le titre suivant : Tous aux jardins !

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