Pantin articule son patrimoine

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 18 novembre 2016 - 504 mots

GRAND PARIS - La reconversion du patrimoine existant est en vogue. En témoignent ces deux projets situés sur une rive du canal de l’Ourcq, à Pantin (Seine-Saint-Denis), à une encablure l’un de l’autre.

D’un côté, le Centre national de la danse, splendide édifice brutaliste érigé en 1972 par l’architecte Jacques Kalisz. De l’autre, les Magasins généraux construits en 1931 et par lesquels transitaient jadis grain, charbon et autres marchandises acheminés par camion ou péniche. Tous deux viennent de faire l’objet de travaux, modestes ou pas. Le premier a vu ses espaces publics repensés par Cyrille et Laurent Berger (Berger&Berger). Les travaux d’un coût d’1,5 million d’euros ont permis de réaménager la totalité du rez-de-chaussée, notamment à travers deux transformations essentielles : l’entrée a été repositionnée à l’angle ouest du bâtiment, offrant ainsi un accès plus cohérent par rapport à la configuration de la ville, et, côté canal, les berges jadis dissimulées par des parois opaques sont aujourd’hui visibles, grâce à de larges baies vitrées, sinon accessibles par une terrasse surplombant ledit canal. Outre la salle de spectacles dite Grand Studio, on trouve désormais au rez-de-chaussée un espace d’exposition, un studio de danse ouvert – au sens propre du terme – au public, ainsi qu’un restaurant et une librairie.

À une autre échelle (20 000 m2 aménagés pour 900 personnes), l’agence de publicité française BETC s’est, elle, installée dans les anciens Magasins généraux. Sous la houlette de l’architecte Frédéric Jung, le rez-de-chaussée s’ouvre lui aussi entièrement sur l’extérieur, accueillant un espace dédié à la création de 800 m2, en accès libre. Ont été conservés les passerelles extérieures, les poteaux et 1,4 km de coursives cernant le bâtiment. Au cœur des deux magasins, deux vastes patios-puits de lumière ont été creusés et habillés de bois clair, permettant à la lumière naturelle de pénétrer à l’envi.
À l’intérieur, cinq étages et une multitude de typologies de mobilier et d’espaces de travail imaginés par une quinzaine de designers, depuis le « cube » opaque accueillant deux ou trois personnes jusqu’à la grande table en open-space pour 25 personnes. Le bâtiment, évidemment, regorge de lieux atypiques, tel La Cantine (1 000 m2), à la fois restaurant et centre de documentation, Le Garage (1 800 m2), espace de productions audiovisuelles, ainsi que deux plateaux de 1 300 m2 réservés à des start-up. Sur le toit-terrasse, sous une pergola de béton brut, se déploie… un jardin bio. Rémi Babinet, président de BETC, tient secret le coût des travaux, mais d’aucuns avancent la fourchette de 70 à 80 millions d’euros.

À savoir

Surnommé Palais du peuple par son auteur Jacques Kalisz, le Centre national de la danse (CND) fut construit pour accueillir le centre administratif de la ville de Pantin. Il n’est devenu CND qu’en 2004, après avoir été « reconfiguré » par Claire Guieysse et Antoinette Robain, réhabilitation pour laquelle elles ont décroché, en 2005, le Prix de l’équerre d’argent.

Les Magasins généraux ont fermé en 2000. Abandonnés 15 ans durant, ils devinrent terrain de jeux pour les graffeurs du monde entier.

A voir - Architecture

CND (Centre national de la Danse), 1 rue Victor-Hugo, Pantin (93)
BETC-Magasins généraux, 1 rue de l'Ancien-Canal, Pantin (93)

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°696 du 1 décembre 2016, avec le titre suivant : Pantin articule son patrimoine

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