Art contemporain - Cinéma

Loris Gréaud fait son cinéma

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 12 décembre 2016 - 328 mots

FILM - Loris Gréaud a-t-il réussi son coup ? Avec Sculpt, son dernier opus, l’artiste a voulu déclencher un phénomène.

Pour la première européenne, lundi 7 novembre, à 1 h du matin, un peu moins de deux cents personnes se pressent devant le cinéma MK2 Bibliothèque dont les néons viennent de s’éteindre. Les portes des issues de secours s’entrouvrent et c’est à la lampe torche que cette petite foule est guidée vers la salle. Moins de deux cents personnes, c’est peu par rapport aux sept cents réservations enregistrées sur Internet, mais si cette unique séance est gratuite, la nuit parisienne est fraîche. Quelques mois auparavant, au Los Angeles County Museum of Art (LACMA), la sélection s’opérait différemment : pendant plusieurs semaines, un seul spectateur à la fois pouvait entrer dans le Bing Theater afin de visionner le film. Cette « dynamique d’entonnoir » ne visait pas tant à créer un buzz, assure son auteur, qu’à faire en sorte que Sculpt devienne « une légende urbaine, un des éléments qu’il décrit ». Pour réaliser un film culte, donc, le réalisateur a soigné son casting avec, aux côtés de Willem Dafoe, Charlotte Rampling, Michael Lonsdale, Betty Catroux, l’ancienne muse de Yves Saint Laurent, etc. L’architecte Claude Parent fait également une apparition à l’écran. Le tournage, étalé sur trente mois, s’est déroulé dans plusieurs pays, du Viêtnam à la Nouvelle-Zélande, sur les terres du Mordor du Seigneur des Anneaux. « L’idée était de mimer un blockbuster hollywoodien », coproduit par le LACMA et Noirmontartproduction. Présenté comme un événement à Paris et à Los Angeles, Sculpt a également été livré à des pirates informatiques avec mission d’en semer des extraits dans les profondeurs du darknet. Cet ovni cinématographique dépourvu de narration affiche par ailleurs l’ambition de ne produire aucune recette ; le master en a été confié « à une prêtresse vaudoue de La Nouvelle-Orléans », aucune copie n’est à vendre. Difficile de faire plus underground. Au risque de le rester ?

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°697 du 1 janvier 2017, avec le titre suivant : Loris Gréaud fait son cinéma

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