Art contemporain - Musique

Les couleurs du jazz

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 21 mai 2025 - 394 mots

L’affiche du prochain Montreux Jazz Festival a été confiée à l’artiste londonienne Lakwena. Un design tout en couleurs qui rend hommage à Nina Simone.

Depuis sa création en 1967, le Montreux Jazz Festival a la bonne idée de confier son affiche à un ou une artiste, qui réinvente ainsi chaque année son identité. Keith Haring, Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle, John Armleder, et plus récemment l’illustratrice Malika Favre (2017), Christian Marclay (2018) ou JR (2020) ont ainsi conçu le poster officiel de la manifestation, laquelle s’est constituée au fil des décennies une jolie collection graphique. Pour cette 59e édition, c’est l’artiste londonienne Lakwena – représentée en France par la galerie Mariane Ibrahim (8e arr.) – qui signe le design, haut en couleur. Connue pour ses peintures murales dans l’espace public et ses paysages urbains immersifs (de Covent Garden, à Londres, à un centre de détention pour mineurs dans l’Arkansas), ainsi que pour ses collaborations avec des marques (Nike ou la griffe de mode Fiorucci), Lakwena puise son inspiration dans la culture populaire, notamment celle de la diaspora africaine – elle a vécu en Ouganda, d’où son père est originaire. L’usage d’une palette psychédélique et l’inscription de phrases à la manière de slogans sont récurrents dans son œuvre aux accents afro-futuristes. « Je commence toujours par les mots », explique volontiers l’artiste à propos de son processus créatif. Cette fois-ci, elle a choisi de mettre en avant des paroles extraites de la chanson « Stars » de Nina Simone, que la chanteuse interpréta sur la scène de Montreux en 1976, lors d’une performance mémorable. « All you see is glory » : dans le visuel conçu par Lakwena – le premier de l’histoire du festival à adopter un style uniquement typographique –, le message prend toute la place et semble vibrer à la surface du papier. Pop et percutante, cette image convoque également une forme de spiritualité : entre impact publicitaire et incantation, illusion d’optique et prière, l’ambivalence de l’œuvre est justement ce qui lui confère de la force. Quant à la gloire terrestre chantée par Nina Simone, elle sera tout particulièrement convoquée par le programme de ce Montreux Jazz Festival, qui revisite certains chapitres légendaires de l’histoire de la musique contemporaine pour ses adieux à la scène du Lac, sur les rives du Léman. En 2026, les festivaliers auront rendez-vous dans le centre des Congrès enfin rénové. Alléluia !

À voir
59e Montreux Jazz Festival,
dans différents lieux de Montreux (Suisse), du 4 au 19 juillet, www.montreuxjazzfestival.com(lire aussi p. 128)

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Les couleurs du jazz

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