La FNAGP accompagne les artistes à des moments névralgiques de leur vie

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 28 septembre 2016 - 908 mots

PARIS

La fondation, qui intervient à toutes les étapes de la vie d’un artiste plasticien, est entrée dans une nouvelle ère. Qu’est-ce que la FNAGP et quelles sont ses missions ? Guillaume Cerutti et Laurence Maynier, président et directrice de l’institution, répondent à nos questions.

Quelle est la vocation de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques (FNAGP) ?
Guillaume Cerutti - À l’origine de la FNAGP, on trouve deux actes de générosité : le legs par la baronne de Rothschild de son hôtel particulier de la rue Berryer et celui des sœurs Smith-Champion qui ont choisi d’offrir à l’État leur patrimoine immobilier de Nogent-sur-Marne, pour servir les artistes. En 1976, Bernard Anthonioz [directeur de la création artistique au ministère des Affaires culturelles, sous Malraux] a regroupé ces deux legs dans une fondation, chargée de les administrer pour respecter les vœux des donatrices. Plus près de nous, en 2005, un virage décisif a consisté à assigner l’hôtel Salomon de Rothschild à l’exploitation commerciale et événementielle de ses salons, et à générer de nouvelles ressources. Grâce à l’engagement et à l’intuition de nos prédécesseurs, Éric de Rothschild à la présidence et Gérard Alaux en tant que directeur, la FNAGP a réorienté ses actions pour devenir l’un des acteurs importants du soutien à la création graphique et plastique.

Depuis ce virage opéré en 2005, comment la fondation fonctionne-t-elle ?
Laurence Maynier - En adoptant ce modèle économique original, la fondation a renforcé sa vocation qui consiste à accompagner les artistes à des moments névralgiques de leur vie, de la recherche d’un atelier au financement décisif d’un projet, de la diffusion de leur travail dans un lieu d’exposition jusqu’à l’accès à une maison de retraite. Entité très réactive et souple par ses statuts de droit privé, la fondation mène ses activités culturelles et sociales en relation étroite avec les services de l’État.

Quels sont ses moyens d’action ?
G. C. -  Ils sont de quatre ordres. La fondation dispose d’abord d’un parc d’une centaine d’ateliers à Paris et à Nogent-sur-Marne (en gestion directe ou en cogestion avec des opérateurs spécialisés). La Maison d’Art Bernard Anthonioz (MABA), centre d’art contemporain inscrit dans le Réseau Tram, offre une programmation d’arts graphiques et d’art contemporain, complétée par notre partenariat avec le Jeu de paume pour la photographie. Chaque année, des aides aux projets sont également attribuées à une quarantaine d’artistes sélectionnés par une commission. D’un montant conséquent, elles constituent un véritable déclencheur pour la production d’œuvres d’art. Enfin, nous tenons à préserver le caractère exceptionnel de la Maison Nationale des Artistes, une maison de retraite unique en son genre.
 
Quel a été votre premier constat lors de vos prises de fonctions à la direction de la fondation ?
L. M. -  Les professionnels du monde de l’art connaissent la fondation, en particulier à travers son dispositif d’aide aux projets, mais ignorent l’étendue et la cohérence de son champ d’action. La perception des activités de la fondation est encore parcellaire et mérite davantage de lisibilité, une façon aussi de saluer l’engagement de l’équipe professionnelle qui l’anime au quotidien à Paris, comme à Nogent. Nous souhaitons consolider l’existant tout en renforçant la visibilité de la fondation et en ouvrant quelques perspectives nouvelles.

Quels axes de réflexion avez-vous engagés ?
G. C. - Il y a en France une difficulté particulière pour trouver des ateliers d’artistes, faute d’un mode de location adapté. Nous souhaitons nous pencher sur ce problème qui handicape aujourd’hui nombre de jeunes artistes à la recherche d’un atelier. Un deuxième axe concerne la sortie d’école d’art des jeunes diplômés, souvent un moment de fragilité. La fondation peut jouer un rôle de transition et nous souhaitons ainsi accompagner, tous les deux ans, une école d’art. Dès cette rentrée, nous entamons un premier partenariat avec l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles (ENSP), à travers le financement d’une chaire d’un jeune artiste doctorant en recherche et création photographique, d’un travail photographique réalisé sur la fondation dans ses multiples aspects et d’une exposition conçue par un jeune commissaire formé à l’ENSP, présentée durant les Rencontres d’Arles et qui pourra l’être ensuite dans notre centre d’art, à Nogent. Un troisième axe sur lequel nous voudrions travailler, avec l’aide de partenaires, est celui des résidences d’artistes français à l’étranger, notamment en Amérique et en Asie.

L. M. - Cette actualité amorce un élargissement de nos partenariats au-delà des centres d’art, car nous travaillons déjà avec le Jeu de paume et, depuis 2015, avec la Villa Vassilieff à Paris qui permet à de jeunes artistes internationaux de mener un travail de recherche dans une approche critique. Nous soutenons également le Crédac à Ivry-sur-Seine, dans la diffusion des films d’artistes à travers le « Crédakino », une petite salle de cinéma dédiée.

Quels sont les points faibles de la fondation ?
G. C. -  Nous devons la faire mieux connaître et l’insérer davantage dans la vie locale de Nogent-sur-Marne, afin qu’un grand nombre de visiteurs s’approprient le lieu et aient envie d’y revenir.

En dehors de ses revenus propres, la fondation est-elle toujours ouverte à des dons ou à des legs ?
L. M. - La fondation est structurée pour gérer des donations en toute transparence, selon un modèle économique parfaitement sain et performant. Elle a d’ailleurs, depuis les deux premiers legs initiaux de 1922 et 1944, bénéficié d’autres dons et continuera à le faire, afin de poursuivre sa démarche philanthropique et d’utilité publique au service de la création artistique.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : La FNAGP accompagne les artistes à des moments névralgiques de leur vie

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