Tapis

Design fait main

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 10 octobre 2011 - 372 mots

Le tapis est un domaine peu investi par les designers contemporains. Sans doute parce que la commande se limite souvent au stade du carton, et que la fabrication leur échappe.

Le tapis est un domaine peu investi par les designers contemporains. Sans doute parce que la commande se limite souvent au stade du carton, et que la fabrication leur échappe. Le tapis Losanges que Ronan et Erwan Bouroullec ont développé avec la firme barcelonaise Nanimarquina est une exception, éblouissante. On savait les deux designers plutôt habiles avec l’industrie textile, ils montrent cette fois une indéniable virtuosité dans le registre de l’artisanat. Tout étonne dans le tapis Losanges. D’abord son motif : les frères Bouroullec ont œuvré à partir d’une figure géométrique unique, le losange, et de sa juxtaposition. Ensuite sa forme : elle est aléatoire, intégrant derechef les inévitables variations dues à la production artisanale. Enfin et surtout, il use de la technique éprouvée du kilim. « Les tapis persans traditionnels nous ont toujours passionnés, racontent les frères Bouroullec, plus particulièrement le savoir-faire très ancien du kilim que nous voyons comme un mélange délicat de rusticité et de finesse. » La fabrication de Losanges est d’ailleurs un moment d’une intensité rare. La laine issue de moutons d’Afghanistan est travaillée et filée à la main, technique qui fait de chaque tapis une pièce unique. La laine en question est, de plus, teintée de couleurs naturelles. À l’instar des cuisiniers, les artisans du nord du Pakistan concoctent ainsi, dans de larges chaudrons, des mixtures uniques que l’industrie tente d’imiter… en vain. Le métier à tisser, lui, est horizontal, posé à même le sol. Les deux « épreuves  » finales que passe le tapis sont les plus spectaculaires : celle du feu, puis celle de l’eau. Les artisans brûlent la surface afin d’éliminer tout poil excédentaire et de lisser le tapis. Ce dernier est enfin lavé à grandes eaux, pour enlever les cendres et les impuretés de la laine. Résultat : un tapis très plat – épaisseur : 4 mm –, au rendu souple et léger.

A voir

Intitulée « Bivouac », une exposition monographique réunit une sélection de pièces de cette dernière décennie. Jusqu’au 30 juillet 2012, au Centre Pompidou, à Metz. Renseignements : www.centrepompidou-metz.fr

A savoir

En juillet 2011, les frères Bouroullec ont décroché, avec la chaise Steelwood (Magis), un « Compasso d’Oro », plus grande récompense transalpine dans le registre du design.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°640 du 1 novembre 2011, avec le titre suivant : Design fait main

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