Damien Deroubaix - Peintre

Armé de gouges et de ciseaux, Damien Deroubaix s’est mis à creuser une imposante planche de bois, qu’il a encrée avant d’en reporter l’image sur le papier. Le résultat ne l’a pas satisfait, jusqu’à ce qu’un collectionneur lui suggère de reconsidérer la planche gravée non comme une matrice, mais comme une œuvre. C’est cette technique que l’artiste a choisi pour le prix Duchamp en 2009, comme pour traduire Guernica en xylographie en 2016. Elle, encore, que l’on retrouve dans l’exposition conçue avec Joanna Chevalier pour la réouverture du Musée de la chasse et de la nature : « La Valise d’Orphée ». Cette exposition plonge le visiteur au temps des cavernes, quand les animaux étaient encore rois et les dieux tout-puissants. Peints sur une paroi : un ours monté sur le dos d’un rhinocéros, évocation des Musiciens de Brême des frères Grimm. Gravés sur une autre : Argos et le chasseur Orion. Pénétrer dans la caverne revient à réactiver les forces des temps immémoriaux, sentiment renforcé par la présentation d’une collection d’amulettes antiques. L’artiste croit-il en la magie ? Damien Deroubaix a récemment effectué un voyage chamanique qui l’a conduit de tableaux en tableaux, dont ceux du Douanier Rousseau. Il y est revenu accompagné du jaguar, animal totem présent dans l’exposition. « La disparition de la nature, des espèces, me désole », raconte Deroubaix, qui s’interroge : « Qu’est-ce que je peux faire en tant qu’artiste ? » Sculpter, peindre, graver. Ouvrir les âmes à la beauté.