Christian Boltanski (1944-2021)

Le Centre Pompidou, qui a organisé deux rétrospectives de son travail sous la direction de Bernard Blistène (en 1984 et en 2019), a rendu hommage à « l’un des plus importants artistes de la scène contemporaine », saluant « une œuvre sensible et corrosive, comme un état de veille lucide sur nos cultures, leurs illusions et leurs désenchantements ».

Hanté par la Shoah, l’artiste est né en septembre 1944, quelques jours après la Libération de Paris. Son père, médecin d’ascendance juive, avait passé l’Occupation dissimulé dans une cache sous le plancher de son appartement. Autodidacte, Boltanski est remarqué lors d’une exposition au cinéma Le Ranelagh en mai 1968, où la matière autobiographique est déjà au centre de son œuvre. À cette époque, son travail, comme celui de sa compagne Annette Messager, se distingue des esthétiques dominantes, comme Supports/Surfaces ou la Figuration narrative, ce qui lui vaut d’être remarqué et, très vite, adoubé par les institutions. Son parcours est alors tout tracé, exposant dans le monde entier, jusqu’à occuper le Grand Palais par une installation monumentale en 2010 et représenter la France à la Biennale de Venise en 2011. Les photographies anonymes, les vieilles boîtes d’archives, les vêtements usagers sont les matériaux qu’il affectionnait le plus, pris dans des mises en scène lumineuses et sonores impeccables. En 2005, il avait commencé son projet Les Archives du cœur, une bibliothèque de plus de 70 000 battements de cœur aujourd’hui archivée sur l’île de Naoshima, au Japon, pays dont il se sentait très proche.