Carte blanche à...

Carole Benzaken

Dessein pour l’œil, mine de plomb et crayon lithographique sur calque, mai 2004.

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juillet 2004 - 315 mots

Des tulipes, des bouteilles, des ours en peluche, des paysages urbains, des scènes de la vie ordinaire, les funérailles de Lady Di, les figures de ses proches. Les thèmes dont s’empare Carole Benzaken sont ceux-là mêmes qui sont à portée de sa main ou de son regard. 

Peinture, dessin, vidéo, photographie, petits et grands formats, rouleaux panoramiques, opaques ou lumineux, descriptifs ou atmosphériques, l’artiste s’autorise tous les possibles, supports, matériaux et motifs confondus. Parce que son art procède d’un questionnement de la peinture dans la mise en jeu de ses propres fondements, il y est question de sujet, de composition, de cadrage et de point de vue. « Ironie, plaisir, tension, bascule, voilà une peinture libre qui dépasse les enjeux pour se redonner un espace de vie », notait justement Ann Hindry en 1996. Pour cette « Carte blanche », Carole Benzaken – dont il faut rappeler qu’elle est la lauréate du prix Marcel Duchamp 2004 (cf. L’Œil n° 559) – aurait-elle cherché à nous surprendre, elle ne s’y serait pas prise autrement. Ses pinceaux, dessinés sur calque avec une précision quasi hyperréaliste, ne manqueront pas de dérouter, même ceux qui sont familiers de son travail. Isolés sur le fond de cette page blanche, extraits du défilé ordinaire des images de son quotidien, ils se chargent d’un sens précis. Intitulés Dessein pour l’œil, présentés pointes vers le bas, ils avouent quelque chose d’une attente, d’un désir de peindre. Entre l’œil et la main, ils sont la métaphore la plus épurée du projet de l’artiste, de son dessein, bref d’une pensée qui n’a pas encore pris forme mais qui n’a plus qu’à se laisser glisser dans le corps même du subjectile pour s’informer. Pour devenir image. Trois pinceaux donc, comme la figure tautologique de la peinture en l’attendu de son avènement.

Carole Benzaken est représentée par la galerie Obadia, 3 rue du Cloître Saint-Merri, Paris IVe.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Carole Benzaken

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