Biennale

Belleville, pas à pas

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 30 septembre 2014 - 470 mots

La marche comme expérience artistique et esthétique est le fil conducteur de la troisième édition de la Biennale de Belleville.

PARIS - Amoureux de la marche, cette biennale est la vôtre ! Seulement deux expositions, à Exo et au Pavillon Carré de Baudouin, mais de nombreuses performances sont au menu de la troisième édition de la Biennale de Belleville, qui a fait de la déambulation, de la promenade, de la perte volontaire ou pas, ou de la rencontre impromptue les fondements de son programme. « Nous nous sommes interrogés sur la forme que devait prendre une biennale aujourd’hui et la voulions différente, nous avons donc décidé d’investir la rue », commente son commissaire général, Patrice Joly. Un positionnement déjà amorcé en 2010 lors du premier opus de la manifestation – avec notamment les visites guidées par l’artiste Lee Show-Chun qui permettaient de redécouvrir et comprendre le Belleville chinois – et qui tient également dans le constat qu’il n’y a pas de musée ou de centre d’art susceptible de servir de véritable base à la biennale.

L’art dans l’espace public
L’espace d’expositions du Pavillon Carré de Baudouin est investi comme de coutume par un accrochage collectif qui, sous l’intitulé « Cammina Cammina » regroupe les interrogations de « marcheurs » comme Laurent Tixador, venu à pieds de Nantes à Paris et qui a confectionné en chemin des petites sculptures visibles là, ou Marcos Avila Forero montrant dans un film des jeunes gens traînant une barque en plâtre qui se délite inexorablement non sans laisser des traces. De traces il est également question pour Jean-Baptiste Normand qui, s’il expose des tableautins atmosphériques issus des impressions de ses déambulations, invite aussi à des performances au cours desquelles il se lance dans l’écriture d’Ulysse de Joyce, à la craie sur les trottoirs. Ambitieuse, Capucine Vever s’est lancée à la recherche des anciennes carrières de Belleville devenues inaccessibles et propose de les découvrir en se promenant muni d’écouteurs et de son iPhone sur lequel une application déclenche des créations sonores, imaginées avec Valentin Ferré, chaque fois qu’une carrière est sous nos pieds, permettant ainsi de révéler des espaces invisibles tout en se laissant emporter par la fiction. Tandis que les critiques François Aubart et Benjamin Seror ont établi un programme de lectures de nouvelles d’artistes dans des bars du quartier, leur consœur Marie Maertens invite « Brooklyn à Belleville » à travers la commande faite à des artistes new-yorkais de créer des œuvres sonores, téléchargeables sur le site web de la biennale, qui sont propices à déployer des imaginaires. Bien entendu fortement influencée par les expériences propres au land art de déplacement des lieux et du public de l’art, la réflexion ici menée, entre déambulations physiques et mentales, propose de reconsidérer la saturation du paysage de l’art contemporain confronté à une surproduction d’objets en constante inflation.

Biennale de Belleville 3

Jusqu’au 26 octobre, lieux et horaires divers. Informations et programmes : www.labiennaledebelleville.fr.

Légende Photo :
Laurent Tixador, La Chasse à l’homme, 2011. Courtesy Galerie In Situ Fabienne Leclerc, Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°420 du 3 octobre 2014, avec le titre suivant : Belleville, pas à pas

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