Mécénat

FNAGP : Aider à rendre concrets les projets

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 28 septembre 2016 - 1039 mots

Deux fois par an, une commission mécénat élit sur dossier une vingtaine de projets d’artistes qui seront aidés, dans leur production, à hauteur globale de 500 000 euros chaque année.

Dove Allouche, Kader Attia, François Curlet, Camille Henrot, Fabien Giraud & Raphaël Siboni, Laurent Grasso, Benoît Maire, Julien Prévieux, Laure Prouvost, Évariste Richer, Fabien Verschaere… Tous comptent parmi les – très – nombreux artistes ayant bénéficié, depuis sa mise en place en 2011, de l’aide à la production de la FNAGP. Ce dispositif, doté d’une enveloppe annuelle de 500 000 euros, soutient entre quarante et cinquante projets par an pour un montant moyen de 10 000 à 15 000 euros. Peuvent y prétendre les artistes français, graphistes et plasticiens, émergents ou reconnus, ainsi que des artistes étrangers menant un travail dans l’Hexagone.

Son fonctionnement est simple : deux fois par an, une commission mécénat (constituée de quatre personnalités du monde de l’art, du président de la fondation Guillaume Cerutti et de deux représentants du ministère de la Culture et de la Communication) se réunit pour élire une vingtaine de projets retenus parmi quelque 200 dossiers. Les critères d’attribution privilégient les entreprises ambitieuses qui se déploient dans la durée et qui offrent des perspectives de visibilité. Ainsi de Et in Libertalia Ego de Mathieu Briand, pour lequel le plasticien, installé sur une petite île de Madagascar, a fondé, en dialogue avec d’autres artistes, une utopie insulaire et collective. Aidé dès 2013 par la FNAGP, ce projet présenté à Paris par la Maison Rouge, a également donné lieu, en septembre 2015, à une exposition au Mona (Museum of Old and New Art) en Tasmanie.

Croire et défendre une idée dans le temps, cela fait sens : depuis 2006, Olivier Menanteau élabore Mediagenic, point de vue décalé sur les événements de la scène politique. Lauréat de la commission mécénat de la fondation en novembre 2014, le photographe se fait engager en 2015 comme correspondant berlinois de l’agence JBVnews pour suivre les relations du couple franco-allemand formé par François Hollande et Angela Merkel ; ce travail passionnant fut présenté à la Galerie Anne Barrault en avril et mai 2016.

« Mon exposition n’aurait pas eu la même ampleur »
Compatible avec d’autres formes de financement, l’allocation s’avère souvent déterminante pour les lauréats. « Nous avons le souci d’apporter une aide qui constitue un véritable déclencheur et qui permette la faisabilité du projet », souligne Laurence Maynier, la directrice de la FNAGP. Ce fut le cas pour Félicia Atkinson, qui venait de quitter Bruxelles où elle habitait depuis l’obtention de son diplôme des Beaux-Arts de Paris, pour un village des Alpes où l’avait conduite sa recherche. « L’aide de la FNAGP, explique-t-elle, m’a permis de rendre mon projet concret et de tirer une ligne entre le massif des Bauges et les États-Unis, entre lesquels j’ai fait des allers-retours pendant deux ans jusqu’à l’exposition en Suisse, à Bâle, en avril 2014. »

Invités par le Festival de l’affiche de Chaumont à penser une exposition sur l’impression, les graphistes Sacha Léopold et François Havegeer ont, eux aussi, bénéficié de l’aide au projet de la FNAGP. « Contraints de collaborer de plus en plus fréquemment avec des imprimeurs étrangers, nous réfléchissions depuis quelque temps à un protocole de comparaison des qualités d’impression. Nous avons soumis à la FNAGP un projet intitulé Ricardo, soit la commande de trois modèles de posters en quadrichromie à cinq imprimeurs offset étrangers. » Complétée par une bourse de recherche du CNAP, l’aide de la fondation a, disent-ils, « amplement contribué à la production d’une exposition généreuse ». Même constat pour Sarah Tritz [lire ci-dessous] qui, en 2014, préparait son exposition personnelle au CAC du parc Saint-Léger : « Sans cette aide de la FNAGP, mon exposition n’aurait pas eu la même ampleur. » Ni sans doute les mêmes retombées : fin 2015, Sarah Tritz était à l’affiche de la Fondation d’entreprise Ricard. Elle a participé depuis à une exposition collective au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière. 

Sarah Tritz, portrait d’une artiste en plein essor

Depuis ses débuts, Sarah Tritz affectionne « le mélange des genres ». Cette ancienne élève de l’ENSBA de Lyon affûte, au fil de ses expositions, son sens de la mise en scène, des ruptures de style et de tout ce qui favorise « la gymnastique mentale ». Avec la figure humaine comme entrée en matière, les références artistiques en écho à un dialogue intérieur, son travail de sculpture place le spectateur face à son goût du paradoxe. Ainsi de la pièce Le Moche, exposée d’abord au CAC du parc Saint-Léger avant d’être montrée à La Passerelle de Brest. Inspirée par un dessin d’Antonin Artaud et réalisée grâce au soutien de la FNAGP, cette œuvre de trois mètres de hauteur incarne un tournant pour l’artiste : « En confiant la réalisation de cette pièce à un artisan fondeur, j’ai fait le choix d’une facture très aboutie. Depuis cette exposition, j’ai ainsi précisé mon intérêt à la fois pour une esthétique très finie, très pop, et pour un geste plus spontané. » Un contraste formel qui nous fait entrer de plain-pied dans le monde étrange de Sarah Tritz.

La FNAGP, un patrimoine, un parc, une collection

Il revient à la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques de revaloriser le patrimoine immobilier qui est le sien : l’hôtel Salomon de Rothschild (11, rue Berryer, Paris-8e) ainsi que les propriétés de la famille Smith-Champion à Nogent et quelques autres legs. La fondation a pour projet de rendre accessible au public, sur rendez-vous, le cabinet de curiosités de l’hôtel Salomon de Rothschild, dans lequel subsiste une partie des riches collections léguées par la baronne de Rothschild. À Nogent-sur-Marne, la FNAGP a aussi décidé d’ouvrir la bibliothèque Smith-Lesouëf, dont la rénovation, financée par le ministère de la Culture, est en cours. Exemple de biodiversité exceptionnelle aux portes de Paris, le parc de dix hectares, au cœur de la ville de Nogent, fait quant à lui l’objet d’un entretien constant et accueille ponctuellement des événements publics.
Enfin, un important travail d'nventaires et de récolements doit permettre d’assurer la valorisation des collections de la fondation, issues des legs et de différentes donations d’artistes ayant résidé à la maison de retraite.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : Aider à rendre concrets les projets

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