Chantal Pontbriand quitte le MOCA de Toronto au bout de huit mois

Par Marie-Colombe de Mazières · lejournaldesarts.fr

Le 1 juillet 2016 - 394 mots

TORONTO (CANADA) [01.07.16] – Chantal Pontbriand, nommée à la tête du Musée d’art contemporain de Toronto en octobre dernier, a subitement annoncé sa démission, pour un motif encore inconnu.

A l’automne dernier, Chantal Pontbriand, éminente figure de l’art contemporain canadien, était nommée directrice et conservatrice du Musée d’art contemporain canadien (MOCCA), entre-temps rebaptisé Musée d’art contemporain (MOCA) de Toronto. Huit mois plus tard, elle quitte déjà l’institution en pleine mutation, qu’elle laisse à l’état de chantier.

Encore étudiante en histoire de l’art, Chantal Pontbriand débute ses activités de commissaire et de critique d’art contemporain. Dès 1975, elle fonde Parachute, revue trimestrielle qui fait autorité dans le monde entier, jusqu’à sa suspension en 2007.

Chantal Pontbriand, qualifiée de « live curator » [commissaire pour le spectacle vivant], est à l’origine de plus de vingt-cinq expositions et quinze festivals internationaux, dont le Festival International de la Nouvelle Danse (son acronyme FIND signifie « trouver »), qu’elle préside de 1982 à son arrêt en 2004.

Personnalité majeure de l’art contemporain dans son pays d’origine, elle a vécu dix ans entre Paris et Londres, avant de s’en retourner au Canada l’an passé, forte de l’expérience acquise dans des institutions prestigieuses, telles que la TATE londonienne, la Sorbonne ou les Beaux-Arts de Paris.

Sa nomination au MOCCA en octobre avait suscité les plus vifs espoirs pour la rénovation du musée et l’acquisition d’une reconnaissance internationale. Devenue le MOCA, ouvert aux œuvres internationales, l’institution doit déménager dans un bâtiment plus grand, aujourd’hui à l’abandon : l’Automative Tower, édifiée il y a un siècle.

Ces changements formels accompagnent de plus profondes inflexions. Chantal Pontbriand a conçu le musée à venir comme une « agora » : un lieu d’ « expérience » et de « vivre l’art ensemble », foncièrement contemporain, car suscitant la création d’œuvres nouvelles au lieu de valoriser des œuvres déjà existantes. « L'idée sera, dès la première exposition, d'axer le musée sur un processus de coproductions et de gestation de nouvelles oeuvres plutôt que sur des acquisitions d’œuvres existantes comme font beaucoup de musées en faisant le tour des galeries et des foires. Notre but sera de faire exister une collection », avait déclaré la conservatrice à La Presse.

Au lendemain de l’annonce inopinée de son départ, on ne sait ni qui lui succèdera, ni si perdurera sans elle l’esprit de renouveau qu’elle comptait insuffler au MOCA.

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MOCA, Musée d'Art Contemporain Canadien de Toronto © Photo Roberta Cibin - Licence CC BY-SA 3.0 

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