Ce que cachent les travaux de réhabilitation de l’Allée des Sphinx à Louxor

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 26 février 2010 - 358 mots

LOUXOR (EGYPTE) [26.02.10] – Les travaux menés par le Conseil suprême des antiquités égyptiennes (CSA) visant à restaurer l’Allée des Sphinx, voie processionnelle antique, conduisent à l’expulsion de centaines de familles et à la démolition de bâtiments historiques.

Plus de 800 familles ont été déplacées de force depuis le début des travaux en 2007. Des quartiers densément peuplés ont été démolis et des champs cultivés réduits de plusieurs hectares sur leurs superficies.

« Nous leur donnons le choix de l’indemnisation : un appartement ou une compensation financière de 13 500 dollars » a déclaré Samir Farrag, gouverneur de Louxor qui proposent à ces familles de les reloger dans des « appartement neufs à 200 mètres de leur ancienne résidence ».

Les familles expulsées tiennent un discours radicalement différent. Certains affirment qu’ils ont reçu moins de 5 500 dollars. D’autres dénoncent l’état inachevé des appartements proposés situés dans des zones reculées. Appartements parfois trop exigus pour des familles souvent nombreuses. Même l’argent versé s’épuise en quelque mois.

Les résidents accusent le gouvernement de se servir de l’archéologie comme prétexte pour raser des quartiers défavorisés. Ils dénoncent un « embourgeoisement agressif » qui au lieu de favoriser le mélange de la population avec les touristes favorise plutôt la ségrégation.

« On ne fait pas de l’archéologie avec des bulldozers » déclare un archéologue étranger qui préfère garder l’anonymat pour contester l’avancée trop rapide des travaux. Cette précipitation a aussi été dénoncé par l’UNESCO. « Il est inconcevable qu’une avenue de cette étendue puisse être fouillée et enregistrée en une si courte période de temps » a précisé un communiqué de l’UNESCO en avril 2008 qui signale aussi la démolition de plusieurs bâtiments historiques.

Les associations de défense craignent une « disneyification » de la ville égyptienne antique. Les projets touristiques devraient générer des revenus d’environ 50 millions de dollars, somme pharaonique comparé aux 5 millions de dollars versés aux familles expulsées.

De son côté, le CSA défend toujours aussi ardemment son projet de musée en plein air pour la voie processionnelle antique qui recèle un trésor pharaonique remarquable. Un communiqué récent sur le site de Zahi Hawass vante encore les mérites du projet, mais, étrangement, aucune mention n’est faite de ses méfaits.

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