Centre d'art - École d'art

Numa Hambursin : « Le MO.CO. sera l’une des institutions françaises où l’on verra une réflexion sur la peinture »

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 24 août 2021 - 737 mots

MONTPELLIER

À 42 ans, ancien galeriste à Avignon et à Montpellier, critique d’art et commissaire d’expositions, Numa Hambursin a été de 2010 à 2017 le directeur artistique du Carré Sainte-Anne, à Montpellier, où il a également assuré la direction artistique de la Fondation GGL Helenis pour l’art contemporain. À partir de 2018, il a créé et développé le Pôle d’art moderne et contemporain de Cannes.

Vous avez pris la direction du MO.CO. (Montpellier Contemporain) le 1er juillet 2021. Quel est votre projet ?

Je souhaite imprimer le MO.CO. dans la chair de la ville. C’est une jeune institution, qui prend ses marques, et mon souhait est de l’inscrire dans l’identité et les habitudes montpelliéraines, tout en gardant son excellence et sa marche en avant vers l’international. C’est donc un projet d’équilibre. Le but n’est pas de détruire ce qui a été fait par Nicolas Bourriaud [son prédécesseur, ndlr], ou de renier ce qu’il a inventé, mais, au contraire, de l’ancrer dans le temps. Bien sûr, je ne remets absolument pas en question le triptyque sur lequel repose le MO.CO.

Par quoi votre projet passe-t-il ?

Il y a un effort important à faire pour amener un public plus nombreux au MO.CO., et notamment à l’Hôtel des collections, qui est un peu, en ayant été créé en dernier, en 2019, la synecdoque du MO.CO. Il est important que davantage de public y vienne. Plusieurs réflexions sont donc à mener, notamment sur la ligne artistique des expositions. L’Hôtel Montcalm a pris au départ le nom d’Hôtel des collections en raison de sa programmation d’expositions pensées autour de collections privées ou publiques. Sans casser la ligne généraliste et internationale du MO.CO., je souhaite programmer désormais des expositions monographiques, en été, qui permettront au grand public de s’identifier à un artiste, et de venir voir son travail.

Vous avez défendu la peinture actuelle à Montpellier ou à Cannes. Sera-t-elle un axe fort de votre programmation ?

Avec ses deux lieux d’expositions, l’Hôtel des collections et la Panacée, le MO.CO. est l’une des rares institutions en France à être en capacité de monter simultanément deux grandes expositions. Nous avons donc vocation à montrer toute la diversité de l’art contemporain. Mais il est vrai que la peinture est un sujet qui me tient à cœur. Oui, je pense que le MO.CO. sera l’une des institutions françaises où l’on verra une véritable réflexion sur la peinture contemporaine. Je n’arrive bien sûr pas avec un programme tout fait : toutes les expositions seront préparées avec les curateurs du MO.CO. Et nous aimerions déjà faire un événement transversal sur la question de la peinture française pour les générations nées à partir de 1970. Tout le monde attend que cette question soit traitée par une institution française, pourtant cela n’a pas encore été fait. En France, nous avons une richesse inouïe de la peinture mais qui reste disséminée, qui n’a pas encore eu l’occasion de faire corps à travers une grande exposition.

Un seul lieu d’expositions ne suffirait-il pas ?

C’est historique. Créée en 2013, la Panacée répondait à un besoin de Montpellier qui manquait d’un centre d’art capable de faire des expositions d’envergure. Quand il a été question de créer un musée d’art contemporain à Montcalm, l’idée de Nicolas Bourriaud a été d’y associer la Panacée. Je crois que c’est une excellente idée parce que l’art contemporain marche sur deux jambes : d’un côté, les questions de chef-d’œuvre et de beauté ; de l’autre, la dimension laboratoire de l’art. Au MO.CO., nous pouvons montrer ces deux dimensions. Grâce aux six expositions que nous allons pouvoir programmer chaque année, et à l’école des beaux-arts qui forme les artistes de demain, je compte bien que Montpellier devienne un épicentre de l’art contemporain en France.

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C’est le nombre d’entités qui composent le MO.CO., créé en 2019 : l’École des beaux-arts et deux lieux d’expositions (la Panacée et l’Hôtel des collections).


L’école des beaux-arts

Le MO.CO. met actuellement en place, pour ses étudiants, un partenariat avec Bandjoun Station, l’école créée par Barthélémy Toguo au Cameroun. Il réfléchit également à un partenariat international avec l’école d’art d’Athènes.

 

« D’après nos sources, le projet de Numa Hambursin pour le MO.CO. comprendrait des expositions estivales dédiées à des artistes internationaux (Kader Attia, Marlene Dumas, Neo Rauch, Cecily Brown, Francesco Clemente, Nicole Eisenman), un festival de street art et encore des expositions d’artistes proches de Kehinde Wiley à Dakar. » Hérault Tribune, 24 mars 2021.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°746 du 1 septembre 2021, avec le titre suivant : Numa Hambursin : Le MO.CO. sera l’une des institutions françaises où l’on verra une réflexion sur la peinture

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