Profession

Libraire spécialisé en bibliophilie

Le Journal des Arts

Le 28 mai 2004 - 803 mots

Collectant des documents et livres anciens (imprimés avant 1800) ou modernes, ce libraire met ses compétences au service des amateurs d’ouvrages rares et précieux.

« Les fauves sont lâchés », lançait un exposant de la Foire internationale du livre ancien (Fila) au moment de l’ouverture au public de la manifestation, le 13 mai dernier à Paris. Chaque année, les bibliophiles se pressent en effet au portillon du prestigieux salon de la Mutualité, seule foire française de dimension internationale dans ce domaine. Celle-ci réunit depuis 1984 les meilleurs libraires dans leur spécialité, tels Nicaise, réputé pour ses éditions originales sur beau papier et livres illustrés modernes et contemporains, ou Rodolphe Chamonal, issu d’une dynastie de libraires amoureux des voyages. Formé sur le tas – « c’est un des rares métiers où aucune formation particulière n’est requise » –, ce dernier défend les compétences de ses coreligionnaires. « Le libraire n’est pas seulement un marchand, il est aussi le conseiller indispensable et le guide le plus sûr. » Recommandations mais aussi garanties (en particulier d’authenticité) sont en effet offertes aux bibliophiles, qui ont en outre la possibilité de voir, toucher et comparer les documents à loisir. « Un livre, pour avoir de la valeur, doit être complet, sans quoi son prix peut chuter de 80 %. Or, beaucoup d’amateurs vont frapper aux mauvaises portes, ou faire leurs achats sur Internet, immense marché où l’on trouve tout et n’importe quoi, et sans aucune garantie. »
Pour le collectionneur averti comme le marchand, « les critères de sélection d’un livre précieux sont l’intérêt, la rareté du texte et de l’édition, la beauté de la reliure et de l’iconographie, le prestige des anciens propriétaires de l’exemplaire », observe le journaliste Bertrand Galimard Flavigny dans son livre « Être bibliophile, petit guide pratique » (éd. Séguier, 2004). Sans oublier la qualité du papier et l’état de conservation de l’ouvrage. De l’avis de nombreux libraires, les livres répondant à l’ensemble de ces critères se font cependant de plus en plus rares. « Nous achetons donc à l’unité davantage que par lots, ce qui nous revient plus cher », regrette Valentine Del Moral, spécialisée dans les livres anciens consacrés à la chasse (librairie Villa Browna à Paris). Aucune piste ne doit être écartée dans cette recherche du volume rare : ratissage des brocantes et des marchés spécialisés, fréquentation assidue des salles de ventes à Paris et en province, achats auprès des particuliers ou sur Internet. Et pour démarrer ? « Il faut une mise de fonds initiale, mais pas forcément mirobolante. Un carnet d’adresses peut se démontrer bien plus précieux que de l’argent », estime la jeune femme, qui a débuté avec 300 livres. Le bouche à oreille, le fait d’avoir pignon sur rue et de participer à des foires et salons font ensuite le reste. Autre atout : le catalogue des nouveautés, envoyé une à deux fois par an aux différents acteurs de la profession. Fruit d’une longue tradition, cet inventaire est « la carte de visite du libraire. Il montre sa façon de travailler et ses centres d’intérêts », explique Valentine Del Moral.
Nécessitant une excellente connaissance du livre, de son histoire et de sa fabrication, ainsi qu’une bonne culture historique et littéraire, le métier rassemble aujourd’hui quelques centaines de spécialistes, pour la plupart membres du Syndicat national de la librairie ancienne et moderne. Mais il s’adresse à une clientèle restreinte – quelques milliers d’amateurs dans le monde, selon Rodolphe Chamonal – et difficilement extensible. « Le grand problème de la profession est son manque de médiatisation, et par conséquent de nouveaux collectionneurs, qui ignorent notre existence. Or, on peut se faire plaisir en bibliophilie pour une centaine d’euros », déclare le libraire de la rue Drouot. Avis aux amateurs...

Les formations au métier de libraire

Aucun diplôme n’est exigé pour accéder à cette profession, mais les formations artistiques, littéraires ou spécialisées sont appréciées. Nous vous en proposons une sélection : - DUT formation, communication, option Métiers du livre (Aix-Marseille-II, Bordeaux-III, Grenoble-II, Nancy-II, Paris-V et Paris-X, Le Havre, La Roche-sur-Yon, Ville d’Avray). - licence en lettres modernes, option Librairie, à Mulhouse (tél. 03 89 33 60 90). - DEUST métiers du livre à Clermont-Ferrand, tél. 04 73 40 64 37. - DESS édition de Paris-XIII, tél. 01 49 40 30 00. - Les formations en alternance de l’Asfodel (association nationale pour la formation et le perfectionnement professionnels en librairie, tél. 01 45 85 70 50) et de l’Asfored (association nationale de formation et de perfectionnement pour les métiers de l’édition, tél. 01 45 88 39 81). Pour en savoir plus - Syndicat national de la librairie ancienne et moderne (SLAM), tél. 01 43 29 46 38 ; Guide du livre ancien et des libraires, édité par le SLAM ; Le magazine du Bibliophile, mensuel (tél. 01 42 72 03 16).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°194 du 28 mai 2004, avec le titre suivant : Libraire spécialisé en bibliophilie

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