Art Basel : une ouverture en demi-teinte

Par Frédéric Bonnet · lejournaldesarts.fr

Le 15 juin 2016 - 540 mots

BÂLE (SUISSE) [15.06.16] - L’inauguration du salon helvète a montré une inhabituelle césure de la fréquentation entre les deux niveaux d’exposition : très dynamique au rez-de-chaussée et étrangement calme à l’étage.

Alors que depuis quelques mois le marché de l’art contemporain a montré de nets signes de raidissement, l’ouverture aux invités VIP, mardi 14 juin, de la 47e édition d’Art Basel qui se tient jusqu’au 19 juin, a de manière inattendue semblé confirmer cette tendance et fait montre d’une situation quelque peu confuse.

Alors que la veille l’inauguration de la section « Unlimited » dévolue aux œuvres de grand format a frôlé l’engorgement, probablement dû au fait que l’augmentation du nombre de projets, passé de 74 à 88 sur une surface identique, a forcément réduit les espaces de circulation, c’est une toute autre réalité, ou plutôt deux, qui se sont télescopées le lendemain lors de l’ouverture de la foire reine s’il en est une.

Les chiffres diront si l’affluence lors de cette inauguration a été la même que les années précédentes, mais force a été de constater que de congestion à l’entrée de la foire il n’y en eu point. Surtout, alors que toute la journée le rez-de-chaussée du salon, où sont regroupées les enseignes spécialisées dans l’art moderne et les galeries parmi les plus établies en art contemporain, a fait montre d’une très belle affluence, il n’en a pas été de même au niveau supérieur. Celui-ci n’offrait certes pas le visage d’une morne plaine, mais ne donnait pas non plus à voir l’activité qu’on lui connaît habituellement.

Toute la journée les allées sont restées plaisamment calmes, les stands praticables et partout des galeristes et assistants étaient immédiatement disponibles afin de répondre aux requêtes, ce qui est loin d’être toujours le cas ordinairement. Le commerce n’y a pourtant pas été amorphe. Si 303 Gallery (New York) déclarait avoir cédé dès les premières heures les plus grosses pièces de son stand – Doug Aitken, Sue Williams Alicja Kwade –, de nombreux participants faisaient état d’un début convenable avec quelques ventes et prises de contact intéressantes.

Au rez-de-chaussée l’atmosphère était toute autre et chez beaucoup les mines étaient celles des grands jours. Si sur certains stands on se félicitait d’un commerce soutenu tout en admettant un démarrage un peu plus lent que l’année dernière, la plupart des galeristes ont rapporté un bon niveau d’activité dès l’ouverture.

Bien entendu de gros chiffres ont commencé à être égrenés par les communicants afin d’entretenir la sensation de dynamique, comme par exemple les 4,75 millions de dollars dépensés par une collection privée américaine pour l’acquisition chez Hauser & Wirth (Zürich) du Tomato Head (Green) (1994) de Paul McCarthy exposé sur « Unlimited ». Chez Mnuchin (New York), c’est une grande peinture de Robert Mangold (1981) qui est partie pour 4,5 millions de dollars, alors que plus « modestement » Jack Shainman (New York) s’est séparé d’un tableau récent de Kerry James Marshall pour 350 000 dollars.

Mais si le décalage, non en termes de prix mais d’activité et de fréquentation, entre les deux niveaux de la foire devait se confirmer, cela tendrait à indiquer que de plus en plus le marché et une grande part des acheteurs désormais se concentrent sur des valeurs jugées sûres, des investissements.

Légendes photos

Espace "Unlimited", Art Basel 2016, Tony Oursler, template / variant / friend / stranger, 2014, Galerie Lisson, Londres, stand 2.0/B8

Vernissage de "Unlimited", Art Basel 2016
© Photos Thibaut David

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