Lyon (69)

Arrêt MAC de Lyon, direction Los Angeles

Musée d’art contemporain Jusqu’au 9 juillet 2017

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 23 mai 2017 - 317 mots

Poursuivant son exploration des scènes artistiques mondiales (Chine, Inde, Brésil, Asie du Sud-Est), le Mac de Lyon présente « Los Angeles, une fiction ».

Orchestrée par une équipe curatoriale internationale, Thierry Raspail et Gunnar B. Kvaran pour les arts visuels et Nicolas Garait-Leavenworth pour la littérature, cette manifestation, qui investit les deux étages du musée, réunit trente-quatre artistes, de générations différentes, et quatre-vingt-quatre écrivains, tous installés dans la « ville-monde », afin de dresser le portrait d’une cité labyrinthique fonctionnant telle une machine à fictions et une usine à rêves, parfois brisés : ici, au sein d’une grande diversité de productions plastiques et d’extraits littéraires dialoguant avec les œuvres, le climat enchanteur, les plages de surfeurs et le glamour côtoient des serpents, des plantes artificielles et des matelas sales. « Il faut entrer dans la fiction de l’Amérique, dans l’Amérique comme fiction. C’est d’ailleurs à ce titre qu’elle domine le monde. » Ayant très certainement en souvenir la pensée de Jean Baudrillard développée dans Amérique (1986), les commissaires, en brouillant finement les pistes entre nature et artifice, profondeur et superficialité, réel et fiction, parviennent parfaitement à nous plonger dans une mégalopole qui, si elle incarne encore aujourd’hui le rêve américain pour des millions de personnes, n’en est pas moins un territoire complexe dont la part d’ombre (le racisme, les maisons abandonnées, le vandalisme…) peut vite défaire le mythe d’une Cité des anges cool et hédoniste. En variant tant les figures historiques que les jeunes pousses, les plasticiens majeurs John Baldessari, David Hockney et Larry Bell côtoient la nouvelle génération (Nicole Miller, Nancy Lupo), et en jouant volontiers sur les grands écarts, une violente charge des pionniers (McCarthy, Ruscha) contre l’envers du décor fait place à une vision amusée de l’industrie du divertissement par la jeune génération (Ryan Trecartin/Lizzie Fitch, Alex Israel), ce trip angeleno à Lyon est pleinement convaincant car il se confond habilement avec le bouillonnement artistique de la scène de L.A.

« Los Angeles, une fiction »,
Musée d’art contemporain de Lyon, Cité internationale, 81, quai Charles-de-Gaulle, Lyon (69), www.mac-lyon.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°702 du 1 juin 2017, avec le titre suivant : Arrêt MAC de Lyon, direction Los Angeles

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