Annulation de la vente des 85 œuvres de Joan Miró par Christie’s

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 6 février 2014 - 354 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [06.02.14] – La maison britannique Christie’s s’apprêtait à disperser aux enchères 85 œuvres de l’espagnol Joan Miró (1893-1983) lorsqu’elle a décidé, après un débat houleux, d’annuler la vente. Celle-ci avait provoqué une vive polémique au Portugal dont l’Etat est propriétaire des œuvres.

Les députés de l’opposition se sont dressés contre la décision du gouvernement portugais de vendre aux enchères 85 œuvres de Joan Miro, les 4 et 5 février, en regard de leur importance pour les collections publiques nationales. La justice portugaise l’a pourtant autorisé. Christie’s a finalement décidé d’annuler la vente.

L’initiative de la vente émanait du gouvernement portugais. Cette collection appartenant initialement à la Banco Portuguese de Negocio, nationalisée en 2008 après une affaire de fraude et de blanchiment d’argent, l’Etat a décidé de rentabiliser cette acquisition pour combler ses dettes.

Placé sous assistance financière internationale, le pays n’a pas les moyens de conserver un tel ensemble d’œuvres, selon le secrétaire d’Etat à la culture Jorge Barreto Xavier. Estimée à plus de 35 millions d’euros, d’après Christie’s, la vente apparaissait donc comme une aubaine pour l’Etat endetté à hauteur de 200 milliards d’euros. Alors que de nombreuses mesures d’austérité sont prises dans les pays les plus fortement touchés de la zone euro, la culture reste un des secteurs les plus largement visés par les restrictions budgétaires.

La dispersion de cet ensemble a provoqué de vives contestations dans les milieux culturels portugais. Les députés socialistes ont fait valoir l’importance de ce patrimoine pour le pays et l’histoire de l’art.

Chritie’s a annoncé l’annulation en se fondant sur sa part de responsabilité à l’égard de la clientèle sur la question de la transmission des droits de propriété. La maison de ventes n’étant pas partie au litige qui se joue au Portugal ne souhaite donc nullement se voir sanctionnée, d’autant plus que le tribunal administratif de Lisbonne aurait relevé des irrégularités concernant l’acheminement des œuvres.

Parmi les pièces majeures de la collection, L’oiseau-nocturne (1939), La Fornarina (D’après Raphaël) (1929) ou encore Peinture (1953), dont les fourchettes d’estimation oscillent entre 1,2 et 4,1 millions d’euros. Des collages-dessins et gouaches étaient également mis en vente.

Légende photo

Joan Miró, Mujer y pájaro (Femme et oiseau), 24 novembre 1959, huile sur toile, 116 x 89 cm © Succession Miró / SPA, 2016 - Courtesy photo Musée de Serralves à Porto, Portugal

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