Livre

Anne Sinclair, biographe de son grand-père Paul Rosenberg

Par Thomas Bizien · lejournaldesarts.fr

Le 7 mars 2012 - 332 mots

PARIS [07.03.12] - Alors que sa sortie était reportée suite aux démêlés judiciaires new-yorkais de son mari Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair publie la première biographie du célèbre marchand d’art Paul Rosenberg, à la fois grand-père maternel de la journaliste et galeriste notamment de Picasso, Braque et Matisse.

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Cloîtrée dans son loft de Manhattan, Anne Sinclair a eu l’été dernier tout le loisir de penser à son défunt grand-père, Paul Rosenberg (1881-1959), lui même contraint à l’exil new-yorkais en 1939. C’est là qu’elle finit de mettre au point la première biographie de ce célèbre marchand d’art, qui tenait avant-guerre boutique au 21, rue La Boétie à Paris. C’est précisément le titre de l’ouvrage. La journaliste se dit « attirée malgré [elle] par cette adresse et par l'histoire tragique qui y est attachée ».

Au coude à coude d’un Kahnweiler ou d’un Ambroise Vollard pour le podium des découvreurs d’artistes d’avant-garde du début du XXe siècle, Rosenberg a eu le flair de monter l’une des collections les plus prémonitoires de ce qu’allait devenir la nouvelle modernité picturale. Tout en vendant des impressionnistes, il assure dès les années 20 la promotion internationale de Braque, Picasso, Léger et Matisse. Fin stratège, il monte une succursale à Londres et organise des expositions de ses protégés dans les plus grands musées internationaux. Il parvient même à convaincre Picasso de peindre l’un de ses seuls travaux de commande, Portrait de Mme Rosenberg et sa fille, fille autrement nommée Micheline Sinclair, mère de la journaliste.

Cette ascension fulgurante fut cependant brisée par la folie nazie : juif, Rosenberg organisa son exil vers New York, contraint dans la précipitation de laisser plus de 200 œuvres de maîtres aux coffres de l’occupant.

En gardienne attentionnée de la mémoire de son grand-père, Anne Sinclair a voulu raconter l’itinéraire trébuchant de l’homme à qui elle doit sa fortune, un « intime de grands peintres devenu paria sous Vichy ». Une chute vertigineuse qui pourrait rappeler d’autres destins soudainement brisés.

Anne Sinclair, 21 rue La Boétie, Grasset, 304 p., 20.50 €.

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Couverture du livre d'Anne Sinclair, 21, rue La Boétie, paru le 7 mars chez Grasset - © Photo : D. R.

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