Environnement

Anne-Hélène Rigogne : « La question du traitement des déchets reste à améliorer »

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 28 août 2019 - 494 mots

Conservateur en chef honoraire, Anne-Hélène Rigogne fut chef de service des expositions de la BnF. Elle est l’auteure du guide Recommandations à l’attention des scénographes et des graphistes.

En 2007, la Bibliothèque nationale de France a entrepris une démarche pionnière dans le développement durable. Comment cela s’est-il manifesté dans les expositions temporaires ?

Au moment du Grenelle de l’environnement, la BnF s’est engagée dans cette direction-là en mettant en place des audits thermiques, un bilan carbone et une politique de communication auprès des agents. Le service des expositions a bénéficié d’un audit réalisé par la société Atemia qui a été décisif, car nous étions mobilisés mais néophytes sur le sujet, donc nous manquions d’expertise. L’audit a été un déclencheur incroyable, car il nous a donné un chiffrage de nos impacts environnementaux, et la société nous a aidés à rédiger un guide de bonnes pratiques pour les scénographes. Ensuite, nous avons progressivement mis en œuvre certaines recommandations de l’audit quand c’était conciliable avec notre activité. Par exemple, une des préconisations était de ne plus créer de scénographies temporaires, mais de réutiliser les mêmes cimaises permanentes, ce qui est impossible car la scénographie est très importante dans les expositions littéraires, puisque ce sont des expositions de discours dans lesquelles les outils didactiques occupent une place fondamentale. En revanche, nous avons travaillé avec les scénographes sur la réutilisation des éléments.

Comment cela se traduit-il concrètement ?

Dans nos appels d’offres, nous demandions une prise en compte des problématiques du développement durable, c’est-à-dire de faire attention à l’économie du projet en ne proposant pas trop de construction, en réutilisant au maximum le mobilier existant, notamment notre parc de vitrines permanentes. Nous avons rencontré assez peu de résistance de la part des scénographes, car ils savaient que s’ils voulaient travailler avec nous, il fallait accepter que leurs cimaises soient réutilisées par la suite. D’ailleurs, quand nous faisons un concours, nous fournissons le plan de l’exposition précédente pour optimiser la réutilisation des éléments. Nous avons aussi intégré cette démarche dans nos marchés d’aménagement, en exigeant, par exemple, dans nos contrats que les peintures et les bois soient labellisés. Nous avons aussi développé l’usage des encres végétales, du papier recyclable et la récupération des bâches.

Comment avez-vous vu évoluer la situation en une décennie ?

Les choses ont beaucoup bougé, parce qu’il y a dix ans, certains fournisseurs n’étaient pas enclins à nous procurer ces écomatériaux, ou ne les avaient pas à disposition. C’est quelque chose d’inimaginable aujourd’hui parce que, dès qu’il y a un appel d’offres, les fournisseurs sont en capacité de répondre à ces demandes, car il y a plus de produits disponibles ; c’est complètement entré dans les mœurs. En dix ans, les interlocuteurs ont changé et certains freins administratifs ont sauté. Il y a pas mal de choses qui ont vraiment avancé au niveau de l’écoconception. Le volet qui reste encore à améliorer vraiment, c’est la question du cycle de vie des matériaux et le traitement des déchets.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : La question du traitement des déchets reste à améliorer

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